«Le mal profond dont souffre le pays n'est pas dans sa Constitution, mais bel et bien dans son système politique.» Le président du parti de Talaiou El Hourriyet, a mis en garde contre l'immobilisme du pouvoir en place. Il a déclaré à l'occasion de la rencontre régionale du parti à Annaba que «tous les milieux spécialisés dans les affaires stratégiques, politiques, sécuritaires et économiques de même que tous les centres internationaux d'études et de recherche se rejoignent pour constater que notre pays est au plus mal, qu'il n'entreprend rien pour reculer devant l'abîme vers lequel il se dirige». En parallèle à ce statu quo, des menaces externes pèsent sur notre pays: «Cela est manifeste au Sahel, notamment au Mali, où la menace terroriste n'est pas définitivement éliminée. En Libye où le chaos favorise la progression de Daesh des côtes, vers le centre du pays et en Tunisie dont l'expérience démocratique exemplaire est la cible de tous les mouvements terroristes qui sévissent dans le monde arabo-musulman.» Il y a aussi des menaces internes qui pèsent sur notre pays: «Contrairement à ce que le régime veut nous faire croire, il est lui-même la principale source de la menace interne tant l'état dans lequel il a mis le pays est déstabilisateur politiquement, économiquement et socialement», a-t-il indiqué. A propos de la révision de la Constitution, il souligne que «le mal profond dont souffre le pays n'est pas dans sa Constitution, mais bel et bien dans son système politique». Dans sa longue intervention il indique qu'«il n'y a rien à attendre d'un système non démocratique qui prétend doter le pays d'une Constitution démocratique après qu'il ait consacré 16 années, à l'édification d'un pouvoir autocratique et personnalisé à l'extrême». Pour Benflis, «la Constitution n'est que l'autre nom du pacte social de la nation». Pour être irrécusable, poursuit-il, «elle doit être l'oeuvre de forces politiques, légitimes et représentatives (...) elle doit être le reflet d'un consensus ou d'un accord national le plus large». En outre, Benflis doute de la paternité des auteurs de la révision constitutionnelle: «La conjoncture actuelle donne immanquablement lieu à des questionnements sinon à des inquiétudes quant aux auteurs véritables d'une telle révision constitutionnelle (...), quant aux desseins inavouables qu'ils lui assignent», argumentet-il. Sur un autre plan, il constate que «la déstabilisation politique du pays facilite et entretient sa déstabilisation économique qui prépare sa déstabilisation sociale.» Ces signes se trouvent dans la société «dont une minorité à la richesse insolente et arrogante exonérée du fardeau de la crise et celle d'une majorité démunie à laquelle l'on inflige davantage de privations et de sacrifices». Dans la société «qui veut savoir où sont passés les 1000 milliards de dollars générés par une décennie d'embellie financière exceptionnelle (...),qui verra le chômage s'étendre dans de grandes proportions du fait du coût d'arrêt donné à la dépense publique, du gel des recrutements dans la Fonction publique et du recul de l'investissement qu'annonce la réduction du budget d'équipement». Enfin, dans une société que «préoccupe la désignation des politiques de subventions comme bouc- émissaire de la crise». Il a également constaté que «les institutions nationales et le gouvernement lui-même ont perdu toute maîtrise sur les affaires de la nation, alors que des forces extraconstitutionnelles composées de groupes d'intérêts, d'influence et de pression ont saisi cette occasion en or qu'elles attendaient pour faire main basse sur le centre de la décision nationale». «L'irruption brutale de l'argent douteux dans la sphère politique et les prérogatives de fait que détiennent désormais ces groupes d'intérêts, d'influence et de pression ne laissent rien présager de bon pour notre pays», a-t-il ajouté. «La loi de finances pour l'année 2016 présentée comme l'ultima ratio des plans anti- crise est qualifiée d' «une loi anti- sociale et anti- nationale». Pour Benflis, «le trésor public a été saigné à blanc par la surfacturation des projets, l'octroi douteux des marchés publics de gré à gré, la fraude à large échelle dans le commerce extérieur, l'évasion fiscale, la fuite des capitaux et la corruption».