Le président de Talaîou El Houriyet a dénoncé «l'Algérie de la léthargie, du statu quo et de l'immobilisme». Pour Ali Benflis, «le pouvoir est vacant tout comme le centre de décision national est déserté». Le président de Talaîou El Houriyet (en constitution) a dressé, hier, depuis Constantine, un véritable réquisitoire contre le régime en place, «un régime totalitaire» coupable «d'improvisations, de dérives et d'égarements». S'exprimant devant les délégués de 10 wilayas de l'Est, lors du congrès régional de son parti organisé à l'hôtel Hocine, Ali Benflis a dénoncé «l'Algérie de la léthargie, du statu quo et de l'immobilisme». Incisif, l'ancien chef de gouvernement n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, criant haut et fort que «le pouvoir est vacant tout comme le centre de décision national est déserté». D'autant que, a-t-il martelé, «le sommet du pouvoir n'exerce pas son pouvoir, que le gouvernement ne gouverne pas et que les institutions de la République n'assument plus leurs missions constitutionnelles». A ce titre, l'orateur ne mâche pas ses mots en soutenant que «l'Algérie est à la confluence de trois impasses d'une exceptionnelle gravité : une impasse politique sans précédent, une impasse économique visible et une impasse sociale». Préconisant un plan d'action basé sur la tenue d'«élections inattaquables et irrécusables» afin de préparer «l'aménagement de la transition démocratique», le président de Talaîou El Houriyet abonde dans le même sens que Mouloud Hamrouche, ancien chef de gouvernement, au sujet de la nécessaire implication de l'ANP dans le processus de transition démocratique. Pour Ali Benflis, «l'ANP aura à partager le devoir national collectif que constitue le bon déroulement de la transition démocratique», affirmant également que cette armée républicaine aura à en accompagner, suivre et garantir le bon déroulement. Ainsi, après Mouloud Hamrouche qui a sollicité l'ANP, bien avant l'élection du président Bouteflika à un quatrième mandat, l'appelant à jouer un rôle dans le règlement de la crise politique, c'est à présent au tour de Ali Benflis de faire un appel du pied à la grande muette, sachant que «notre pays est manifestement devant une crise de régime». Crise de régime Lucide, l'ex-secrétaire général du FLN a accusé, par ailleurs, les tenants du pouvoir de refuser de regarder la vérité en face, cela même si leur légitimité et leur crédibilité sont mises en doute. Abordant le dernier remaniement ministériel, Benflis l'a tout simplement qualifié de «mystères» relevant, en ce sens, «l'improvisation débridée» et la légèreté dans la gestion des affaires de l'Etat qui portent atteinte à l'image du pays. Se défendant de faire dans la surenchère, loin de toute exagération, Ali Benflis tire la sonnette d'alarme en qualifiant la situation du pays de «dure, amère et lourde de périls et de menaces». Il cite le cas des wilayas de Annaba, Relizane et Aïn Témouchent, toujours sans wali, ainsi que le cas probant de Sonatrach, gérée par un intérimaire depuis près d'une année. Il évoque également le cas des centaines de cadres supérieurs qui exercent leurs fonctions à titre intérimaire, faute de réunions du Conseil des ministres, lequel ne se réunit qu'«en de très rares occasions qui se comptent sur les doigts d'une main». Pour sortir de la crise, Ali Benflis prône la mise en place d'un «pacte de transition démocratique» à même de permettre d'opérer «le passage d'un pouvoir personnel et totalitaire vers un régime politique démocratique conforme aux principes, aux normes et aux caractéristiques universellement admis».