Le paysage audiovisuel algérien continue de vivre, ces derniers temps, une crise sans précédent dans le domaine de la crédibilité des sujets traités. Ainsi, après Beur TV, le président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) a également averti la chaîne Ennahar TV, suite à la diffusion d'une enquête sur les biens de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, et les membres de sa famille à Annaba et à El Tarf. Mais contrairement à Réda Mehigueni, le patron de Beur TV, le directeur général du Groupe Ennahar, Anis Rahmani, a refusé l'avertissement verbal de l'Arav à Ennahar TV. Fort de sa position de média influent sur la scène médiatique et audiovisuelle, Anis Rahmani a fait savoir que cette enquête a été menée après avoir réuni tous les documents nécessaires et irréfutables, approuvés par la rédaction. Si le puissant patron d'Ennahar TV a réagi de cette façon, c'est parce qu'il sait pertinemment que ce n'est pas Miloud Chorfi qui délivre l'autorisation d'émettre pour les télévisions privées algériennes le 31 décembre 2015. La réaction de Chorfi dans ce magma d'échanges entre politique et chaînes de télévisions privées est pourtant justifiée. La position d'Ennahar TV est devenue celle d'un média de masse important qui peut influer sur le cours politique des choses, comme ce fut le cas pour la télévision publique. Anis Rahmani qui connaît assez bien la sphère et le sérail politiques en Algérie, est conscient des limites de l'Arav. En réalité, l'autorité de Chorfi est la première responsable du secteur de l'audiovisuel en Algérie, mais comme la structure n'est pas officiellement installée, son président est amoindri. Pour le moment, c'est le ministre de la Communication, Hamid Grine, qui est encore le maître à bord du paysage audiovisuel algérien. Les avertissements que distribue l'Arav sont utiles pour maintenir une certaine organisation et éviter l'anarchie, mais le président de l'Autorité de régulation n'a pas tous les leviers de ses commandements. Une fois que l'Autorité sera installée avec ses membres, M.Chorfi sera, à coup sûr, le véritable patron du paysage audiovisuel algérien. De plus, en avertissant Ennahar TV, Chorfi s'est mis en difficulté face à une chaîne qui est elle-même attaquée en justice par la patronne du PT pour un reportage qu'elle considère diffamatoire. Ainsi, les cas de Beur TV et Ennahar TV ne sont pas semblables, même s'ils s'affrontent à coups de déclarations d'antagonistes. Le patron du groupe Ennahar TV a précisé que la procédure entreprise contre la chaîne par le Parti des travailleurs était arbitraire, précisant être en possession de preuves et d'enregistrements audio. Justifiant cette position, le P-DG du Groupe Ennahar a précisé que l'Autorité de régulation de l'audiovisuel ne peut en aucun cas se substituer à la justice. [email protected]