Loin de diminuer depuis cinq ans, le nombre de personnes éligibles à la protection est passé de 30 à 50 millions. Le ministre algérien des Affaires étrangères, M.Abdelaziz Belkhadem, a estimé que les Nations unies ont accompli des progrès importants en matière de protection des civils dans les conflits armés. S'exprimant, mercredi dernier, devant le Conseil de sécurité sur le thème ‘«protection des civils dans les conflits armés», M.Belkhadem a indiqué que «des progrès importants ont été accomplis en matière de protection et il nous semble approprié d'apprécier ces réalisations dans le prolongement de la déclaration du millénaire et des grands chantiers mis en oeuvre, ou à venir, visant à adapter la réponse de l'Organisation aux défis qui se présentent». Pour le chef de la diplomatie algérienne, il est important que les acquis, résultant de la mise en oeuvre des recommandations du rapport du groupe d'étude sur les opérations de paix, soient consolidés. Cela peut se traduire notamment par les décisions devant sanctionner le débat sur les recommandations pertinentes du secrétaire général consécutives au rapport du groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement. M.Belkhadem a estimé que le sommet sur les réalisations du millénaire, qui aura lieu en 2005, précède la revue périodique demandée au secrétaire général. «Cela permettra, ainsi, une évaluation quinquennale bienvenue», a-t-il jugé. «Le premier rapport du secrétaire général sur la protection des civils, établi en septembre 1999 à la demande du Conseil de sécurité, et les interactions entre les deux organes qui l'ont suivi, ont eu un effet structurant dans ce domaine qu'il nous paraêt important de souligner», a rappelé M.Belkhadem. Toutefois, en dépit de ces nombreux efforts consentis, les Nations unies accusent plusieurs failles et lacunes qui diminuent de la force et de la rigueur de ses décisions. D'ailleurs, la guerre en Irak, où plus de 200.000 personnes ont péri, a démontré, encore une fois, les limites et les faiblesses de cette organisation planétaire. «Ces avancées certaines ne doivent pas, pour autant, occulter les nombreuses lacunes dans la protection juridique et physique des populations civiles prises dans l'étau de la guerre et qui reste une oeuvre de longue haleine» a souligné le ministre algérien des Affaires étrangères. En effet, a ajouté M.Belkhadem, «loin de diminuer depuis cinq ans, le nombre de personnes éligibles à la protection est passé de 30 à 50 millions. La nature complexe des crises, les facteurs aggravants tels le trafic d'armes, l'exploitation illégale des ressources naturelles, le mercenariat et autres, qui tous concourent au ciblage délibéré des non-combattants, ont eu pour effet d'augmenter considérablement le niveau des ressources nécessaires pour y faire face». Par ailleurs, M.Abdelaziz Belkhadem a souligné que la remise en cause de plus en plus fréquente de l'immunité du personnel des Nations unies et du personnel humanitaire constitue une évolution inquiétante qui pose la question du respect du droit international humanitaire et celle de l'impunité. «Elle appelle au renforcement des mandats et des capacités des opérations de maintien de la paix qui doit aller de pair avec la dissémination des normes du droit international et l'instance sur leur respect par les belligérants, y compris les groupes armés non étatiques», a-t-il indiqué. S'agissant des forces de maintien de la paix de l'ONU dont la vocation première doit être de rassurer et de protéger les populations civiles, M.Belkhadem a affirmé que «leur comportement à l'égard des populations civiles, et en particulier les femmes et les enfants, répond aux standards les plus élevés en matière de respect du droit». Il a fait remarquer qu'en Palestine occupée et ailleurs au Moyen-Orient il existe pourtant des situations qui constituent un véritable concentré de violations massives et flagrantes du droit international et des principes humanitaires. «Il ne fait aucun doute que la crédibilité du Conseil de sécurité et celle de la communauté humanitaire, s'agissant de la question sensible de l'impunité, sont mises à rude épreuve par la politique des deux poids deux mesures qui profite, notamment, à Israël», a relevé M.Belkhadem.