Les partis d'opposition, notamment ceux regroupés au sein de la Cltd et de l'Icso, considèrent que le pouvoir n'est pas assez légitime pour mener le projet de révision de la Loi fondamentale. A peine la révision imminente de la Constitition annoncée, l'opposition affiche déjà son rejet de la démarche du pouvoir qu'elle considère comme étant «unilatérale» et «pas fiable». En effet, pour le MSP, «la révision de la Constitution que si elle intervenait à la suite d'un dialogue responsable entre tous les partis». Or, constate-t-on, cette condition est loin d'être remplie. «Le communiqué de la Présidence dit que le projet de révision de la Constitution sera soumis au Parlement, ce qui veut dire qu'il n'y aura pas de grands changements puisque la Loi fondamentale du pays stipule que les grands changement doivent passer par un référendum. En gros donc, il s'agit de recycler le système,» a-t-il dit en se demandant si la Constitution serait un projet consensuel ou un texte au service d'une personne. Mais Namane Laourar considère que la révision de la Constitution est trop sérieuse pour être confiée à une groupe de personnes, aussi expertes soient-elles, c'est pourquoi il appelle à l'ouverture d'un «dialogue responsable» avec tous les partis politiques». «Le pouvoir doit ouvrir un dialogue politique responsables avec les partis et non pas leur demander leur avis pour la forme seulement comme cela s'est fait en 2011. En effet, tous les partis étaient d'accord pour que le chef du gouvernement soit désigné par la majorité parlementaire mais cette proposition n'a pas été prise en compte. Aujourd'hui, toute l'opposition est d'accord pour l'institution d'une commission indépendante pour l'organisation, la gestion et la surveillance des élections. Cette idée sera-t-elle prise en charge?» a-t-il indiqué, presque sceptique. Ali Benouari, président du parti non encore agréé Nidaa Al Watan, lui, considère que «le pouvoir actuel n'est pas légitime pour manager un projet de révision de la Constitution, chose que seul le peuple souverain peut faire». «Je n'ai pas encore reçu la mouture finale de la Constitution, donc je ne peux pas parler des éléments de fond. Néanmoins, côté forme, je rejette catégoriquement la démarche du pouvoir. Car, pour moi, un pouvoir qui a maintes fois piétiné la Constitution et dont la marque de fabrique est le non-respect des lois, ne peut pas manager un tel projet. C'est une insulte à l'esprit républicain» a-t-il indiqué en appelant l'ensemble de l'opposition à boycotter le projet. Même son de cloche de la part de Jil Jadid, parti membre de la Cltd et de l'Icso, qui estime lui aussi que «le pouvoir actuel étant illégitime, il est hors de question qu'une quelconque confiance lui soit faite, surtout au sujet de questions aussi sensibles que la révision de la Constitution. «Nous ne savons pas ce que le pouvoir veut changer exactement dans la Constitution. Mais, les quelques points qui ont été révélés à la presse par les services de la Présidences nous semblent tout à fait banals et, à ce titre, ne font pas l'objet d'un intérêt particulier de la part de Jil Jadid, excepté le point qui porte sur la mise en place d'un organe indépendant pour l'organisation des élections. Mais, dans tous les cas, nous ne faisons pas confiance au pouvoir car, pour nous, en plus du fait qu'il est illégitime, il représente un danger pour l'Algérie», nous a déclaré Younès Sabeur Cherif, chargé de communication du parti de Soufiane Djilali. D'autres partis de l'opposition attendent de réunir leurs instances dirigeantes avant de rendre publiques leurs positions, notamment Talaiou El Houriet, le RCD, le FJD, etc. Mais, d'ores et déjà, des indiscrétions fusant de leurs état-majors respectifs laissent croire que la tendance globale va vers le rejet pur et simple de la démarche du pouvoir. «Notre priorité, c'est la transition démocratique stipulée par la plate-forme de Mazafran» nous a révélé un membre dirigeant de Talaiou El Hourriet. Pour rappel, la révision de la Constitution est un vieux projet du président Bouteflika. Reportée à plusieurs reprises, elle est enfin arrivée. Selon un communiqué de la Présidence, ce projet sera examiné durant le mois de janvier prochain, par le Conseil des ministres, avant d'être soumis à l'appréciation du Conseil constitutionnel qui, à la lumière des articles 174 et 176 de la Constitution, rendra son avis sur la procédure par laquelle ce texte sera examiné et adopté par le Parlement. Il est dit également que ce même projet sera remis aux personnalités, partis politiques et associations ayant été consultés au cours de sa préparation et sera également porté à la connaissance de l'opinion publique par la voie des médias. Pour donner un avant-goût, les grands axes du projet ont été dévoilés. Il s'agit entre autres de «la consolidation de l'unité nationale autour de notre histoire, de notre identité et de nos valeurs spirituelles et civilisationnelles», de «la protection des droits et libertés des citoyens, et le renforcement de l'indépendance de la justice», de «l'approfondissement de la séparation et de la complémentarité des pouvoirs», de «l'accès de l'opposition parlementaire aux moyens d'assumer un rôle plus actif, y compris par la saisine du Conseil constitutionnel, de «la dynamisation des institutions constitutionnelles de contrôle» ainsi que de «la mise en place d'un mécanisme indépendant renforcé de surveillance des élections, au service de la démocratie pluraliste».