Le projet de révision constitutionnelle n'emballe guère l'opposition. Pour le RCD, le MSP et Jil Jadid, la révision de la loi fondamentale "n'est pas une priorité" pour le pays qui traverse une conjoncture politique et économique des plus critiques de son histoire. "La révision de la Constitution n'est pas une priorité. La priorité, c'est plutôt d'aller vers une transition démocratique qui passe par l'installation d'une instance indépendante pour la préparation d'élections libres. Voilà ce qui doit précéder cette révision. Cette dernière doit intervenir après la tenue d'une élection libre sous la surveillance de cette instance indépendante, qui sera ensuite chargée d'organiser un référendum sur la Constitution", souhaite le président du RCD, Mohcine Belabbas, s'opposant, naturellement, à la révision constitutionnelle que prépare l'actuel pouvoir "illégitime". Ceci, tout comme il s'indigne du Parlement, également "non crédible", sur qui le pouvoir compte s'appuyer pour faire adopter la nouvelle Constitution. Partant, M. Belabbas refuse, par ailleurs, de commenter les "rumeurs" et les "fuites" concernant le contenu de la prochaine Constitution. "Un parti politique ne commente pas les rumeurs et les fuites", a-t-il précisé. Le leader du MSP, Abderrezak Makri, juge, quant à lui, que le pouvoir en place s'est toujours distingué par ses pratiques de "jeter des ballons d'essais pour occuper l'opinion publique". Cette méthode, non transparente, ajoute-t-il, est l'essence même du système politique. Comme son allié de la CLTD sus-cité, M. Makri aimerait également voir le projet de révision constitutionnelle intégrer le processus de la transition démocratique. Sans quoi, dit-il, il ne peut y avoir de consensus. À moins que, dénonce-t-il, on veuille adopter une "Constitution de circonstance". M. Makri s'offusque davantage de voir la prochaine Constitution soumise à une APN "fabriquée par la fraude". Pour lui, si cette révision constitutionnelle venait à être soumise à l'approbation de l'actuel Parlement, cela prouve que "le pouvoir a échoué dans la réalisation du consensus". Même son de cloche chez Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, qui qualifie la révision constitutionnelle annoncée de "réforme cosmétique". "Aujourd'hui, Bouteflika se comporte comme un vendeur à la sauvette qui veut nous fourguer sa marchandise", a-t-il déploré, refusant de cautionner le principe de cette révision constitutionnelle partie, alerte-t-il, pour "briser les fondements même de l'Etat". Commentant les quelques changements avancés en prévision de la prochaine Constitution, tels que la réhabilitation du principe de limitation des mandats présidentiels à deux, le président de Jil Jadid, également membre de la CLTD, avertit contre cette facilité de manier la Constitution de manière à répondre aux seuls besoins du Président de l'heure. "Comme Bouteflika s'est permis, en 2008, de sauter le verrou des mandats limités à deux, il faut s'attendre à ce qu'il y ait un futur président qui pourrait refaire le même coup. Cela peut même devenir une jurisprudence", a-t-il alerté. F. A.