A l'instar de toutes les régions du pays, Bouira se prépare à assister aux funérailles de Hocine Ait Ahmed. L'Algérie dans sa totalité, la Kabylie particulièrement, a perdu un repère. En plus d'être un descendant de Lala Fadhma N'Soumer, par sa mère, il est issu d'une famille d'érudits et de saints regroupés au sein d'une grande zaouïa, celle de cheikh Mohand Oulhadj et celle de Cheikh Mohand Oubelkacem, par alliance. Hocine Ait Ahmed s'est initié au nationalisme dès son enfance. A l'instar de toutes les régions du pays, Bouira se prépare à assister aux funérailles de Hocine Ait Ahmed. Ils sont des centaines répartis aux quatre coins de la wilaya à avoir loué des bus pour se déplacer dès aujourd'hui à Ath Hmed pour rendre l'hommage qu'il mérite à cet «icône et libérateur» de l'Algérie. La volonté de participer est d'autant plus suscitée par le fait que cet homme a séjourné pendant son enfance dans la région de M'Chedallah. Ses parents qui voulaient lui inculquer les valeurs nationales l'ont envoyé à M'Chedallah ex-Maillot pour y séjourner et y étudier selon certains. En ces temps la zaouïa du cheikh Mohand Oubelkacem fondée dans la seconde moitié du XIXe siècle était un point de rayonnement sur la Kabylie jusqu'aux abords de Bordj Bou Arréridj à l'est. Descendant de la généalogie de Cheikh Ahaddadh, il représentait la Tarika Errahmania. Cette zaouïa implantée sur les hauteurs de Boudjellil dans la wilaya de Béjaïa, avait une antenne sur l'autre rive du fleuve Soummam et s'était dressée contre les écoles coloniales des «Pères blancs» qui s'étaient implantées dans la haute Kabylie et ce sera là le point de départ de l'insurrection. Le passage d'Ait Ahmed enfant, s'inscrit dans les relations entretenues entre cette zaouïa et celle de Cheikh Mohand Oulhocine, un sage et ancêtre de Dda l'Hocine. Son aïeul Cheikh Mohand avait la faveur dune grande estime et d'influence dans la région. Il a joué un rôle primordial dans la société en défendant la primauté des valeurs sur le dogme religieux que les forces coloniales préféraient. Les Ath Ahmed par convictionreligieuse mais pas souci de nationalisme ont envoyé Dda l'Ho dans cette région où des érudits comme Nacer Eddine L'Mechadali pesait de tout son poids dans l'enseignement de l'arabe, l'apprentissage du Coran mais aussi d'inculquer des valeurs nationalistes qui marqueront toutes le combat, la vie et l'histoire du martyr de l'Algérie. De son vivant et lors des campagnes pour les élections, Hocine Ait Ahmed était venu à Bouira et a organisé un meeting dans cette ville dont il dira: «Cette région mérite plus eu égard à ce qu'elle a donné à ce pays.» En pleurant un monument de la révolution, M'Chedallah et ses alentours regrettent son enfant.