Le compte rendu qui suit a eu lieu avant que Belkacem Boumediene lance la «bombe» sur la responsabilité de Chakib Khelil. Au cinquième jour du procès Sonatrach 1 et après avoir suivi l'interrogatoire du premier accusé du premier groupe d'accusés à entendre, Mohamed Réda Djaâfar El Ismaïl, l'entrepreneur autour duquel, l'arrêt de renvoi tourne inexorablement faisant de lui le «moyeu» de la roue corruption et le reste des «rayons» qui ont empêché l'intégrité de s'installer dans Sonatrach dont le préjudice, dit-on avec insistance du côté des avocats est nul El Ismaïl s'est dit bas. Mostefa Hassaïne prend sa place. Autant le tribunal criminel d'Alger, par la bouche volubile de Mohamed Regad s'accroche à El Ismaïl, autant ce dernier ne veut rien savoir. Il reconnaît s'être enrichi, allant jusqu'à prêter dix mille euros à l'ex-P-DG de Sonatrach «qui ne m'a pas encore remboursé» ajoute l'accusé que le juge veut coincer: «Donc, c'est votre ami Mohamed Meziane?» et Mohamed Réda Djaâfar El Ismaïl de rétorquer sans sourciller «Je vous l'ai dit hier (lundi) son fils Réda est un camarade d'école et c'est un entreprenant garçon comme moi, qui a voulu voler de ses propres ailes». Regad ramasse ses mâchoires et sa courte moustache noire rapetit cinq secondes. Ce qu'il y a lieu de signaler à nos lecteurs et nous l'écrivons lors de tous les procès en criminelle, il n'y a jamais de révélations ni de coups de théâtre et autres scoops. Car l'arrêt de renvoi balise le jeu et c'est la loi qui l'exige, personne d'autre. Alors, aux amateurs de sensationnel, El Ismaïl a répondu par un recroquevillement attendu par les initiés puisqu'il a dit cent fois que sa richesse était propre. Il avait balancé tout cela avant de céder sa place à Mostefa Hassaïne. Jeudi donc, on attendait avec impatience d'entendre le deuxième accusé Mostefa Hassaïne lui aussi sommé au nom de la loi de dire la vérité. Le fil conducteur a été fêlé au moment où El Ismaïl avait refusé de répondre au procureur général lequel est tenu par la loi de poser des questions à l'accusé. Quant à Hassaïne, directeur à Sonatrach, il fait partie du groupe «télésurveillance» et donc Regad a respecté l'ordre de comparution pour pallier au croc-en-jambe né de l'indisposition de El Ismaïl. L'accusé non détenu Hassaïne revient à la barre ce jeudi matin pour répondre à toutes les questions qu'il semblait ne pas attendre la veille. Me Mouines Lakhdari et M. Hakim Aïnouz, ses deux avocats l'encadrent à quelques pas de Me Khaled Dhina, un des avocats de El Ismaïl, qui fait preuve d'une vigilance accrue surtout que son client s'est excellemment comporté à la barre jusqu'à l'épuisement. Hassaïne ne veut pas parler d'urgence, comme Regad semble y arriver. Les deux autres conseils de El Ismaïl, Me Nacéra Ouali et Me Mostefa Bouchachi arrivent et s'assoient près de Me Ahmed Mansour Kessanti et Me Benamar Aïd et Me Merrah. Hassaïne entre d'emblée dans des explications techniques en évoquant des termes que seuls les cadres et enfants de Sonatrach pigent... Le gré à gré fait une énième intrusion dans les questions, Regad visant immanquablement les deux fils Meziane et donc établir l'abus de fonction. A un moment donné l'accusé non-détenu «corrige» le président à propos du cheminement vers l'approbation d'un contrat généralement bien étudié, voire minutieusement pour, ajoutera-t-il, être sûr du boulot visé avant la signature dudit contrat. Belkacem Boumediene est aussi évoqué au détour des études des projets d'aménagement sur les sites. L'opinion de plusieurs avocats autour du déroulement du procès est diversement balancée: il y a ceux qui estiment que le juge évolue dans les bras de l'arrêt de renvoi. Il y a d'autres qui n'ont pas aimé que Mohamed Regad soit revenu aux PV de la police judiciaire que El Ismaïl a évoqué en des termes amers, pas ménageants ni satisfaisants. Il y a aussi et surtout ceux qui n'ont pas avalé cette grosse «couleuvre» qui a vu le tribunal criminel «cloisonner» les débats en trois groupes distincts. «Il y a comme un air d'un même verdict à l'encontre des poursuivis d'un groupe donné», estime un avocat en pleine ire contre les intentions du juge dont il met en exergue l'intégrité, la compétence et le courage: «Trouvez la faille ici!» balance une avocate turbulente et à la limite de la «rebellion». Entre-temps, Hassaïne parle de pressions s'écriant presque, pourtant, à aucun moment, il n'avait été menacé! Une grosse satisfaction venait de se dessiner dans le beau regard de... Regad plutôt serein et disposé, surtout qu'à l'ouverture du procès jeudi, il avait annoncé que les débats allaient être suspendus pour permettre à tous ceux qui désirent se rendre au siège du FFS, jeter un dernier regard sur feu Hocine Ait Ahmed, à qui le juge a souhaité une belle place dans l'Eden auprès de l'Eternel. Et ce sera à 13 heures... Hassaïne croit savoir que la mission d'El Ismaïl avait pris fin à Hassi Messaoud sur injonction de Belkacem Boumediene, l'accusé du premier groupe. Maître Khaled Bourayou s'annonce de son traditionnel pas lourd vers le banc des avocats. Le fait est que, depuis le premier jour Regad pose ses questions à des personnes de métier et donc éprouve parfois des difficultés à obtenir ce qu'il attend comme réponse. Ce qui est certain, c'est la lourdeur dans les questions-réponses, qui pèse amèrement sur l'ambiance, surtout qu'encore une fois, quitte à nous répéter, rien d'extraordinaire, ni de sensationnel ne sort des bouches des accusés qui ne répondent que ce qu'ils savent, ce qui pousse le rusé juge à revenir, un peu plus tard, à une question posée une demi-heure auparavant et qui a eu une réponse souvent claire! Et immanquablement, les débats rechutent dans la redite. Une exaspérante redite qui empêche votre serviteur de confectionner le compte rendu à mettre sous vos yeux en ce 3 janvier 2016, la première lecture des débats du 31 décembre 2015. En répondant du tac au tac au juge, Hassaïne consolide toutes ses déclarations durant l'enquête. «Je suis propre!» lance-t-il en direction du tribunal criminel. Il est 10h15, lorsque le juge libère (provisoirement) Hassaïne) avant de passer à Mostefa Chikh ingénieur (major de promotion, entré à Sonatrach en 1975). La sono gâche cinq secondes des déclarations de l'accusé nullement troublé, alors que Me Khaled Berguel et Me Nabil Benouaret entrent dans la salle. Chikh précise dans la foulée qu'il a une spécialité: le forage en surface! Avec la tenue de cahiers des charges des chantiers. Evidemment, il envoie de suite la réception d' «instructions», notamment de la part de Belkacem Boumediene, le vice-président. «Lorsque je revois un acte à signer, il est précisé que cet acte a été établi par des juristes. Je remets ces dossiers à ceux chargés des affaires judiciaires (il s'effondre en pleurs).» Regad lui permet d'aller se reposer...