La relance du crédit à la consommation est le résultat d'un travail «militant» Des lobbies islamistes manoeuvrent déjà via leurs relais médiatiques pour faire échouer le retour du crédit à la consommation. Défenseur acharné du retour au crédit à la consommation au profit de la production nationale, le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, a réussi à réunir les trois ministres concernés par l'opération à force d'insistance auprès de l'Exécutif. Le premier syndicaliste du pays a révélé à L'Expression que la date du 31 janvier 2015 était la dernière fenêtre de tir. S'il avait laissé échapper cette occasion, le crédit à la consommation aurait pu ne pas voir le jour. Sidi Saïd motive son «activisme» à la faveur du lancement du dispositif par le fait que l'agenda politique et économique du pays ne permet pas d'autres «fenêtres de tirs». En effet, le patron de la Centrale syndicale affirme que le forcing qu'il a exercé sur les ministères se justifie, en ce sens que «si nous n'avions pas ficelé le projet au 31 décembre, il n'aura pas été possible de le mettre sur la table ce mois de janvier, pour la simple raison que la révision de la Constitution primera sur la scène nationale. Cette révision induira nécessairement un changement de gouvernement. La nouvelle équipe avec probablement un nouveau ministre du Commerce, des Finances ou de l'Industrie, devra relancer le processus. Entre-temps, la préparation du mois de Ramadhan sera prioritaire. Ce même mois étant synonyme de baisse de régime, je doute que le projet redevienne prioritaire. Après la Ramadhan, ce seront les vacances, et à la rentrée sociale 2016/2017, d'autres priorités peuvent surgir. Sans se rendre compte, on sera en 2017», argumente le secrétaire général de l'Ugta pour expliquer l'insistance dont il a fait montre pour faire passer le projet avant la fin de l'année 2015. La relance du crédit à la consommation est donc le résultat d'un travail «militant» et une victoire d'une approche «patriotique» de l'économie nationale, contre une vision exclusivement marchande qui laisse la part belle à l'économie de bazar. Il faut dire que l'activisme de Sidi Saïd n'illustre pas seulement une volonté assumée de donner un surplus de pouvoir d'achat aux ménages, comme il est universellement admis, mais il est également orienté vers la défense de la production nationale contre les lobbies islamistes qui manoeuvrent déjà via leurs relais médiatiques pour faire échouer le retour du crédit à la consommation. Les craintes du premier syndicaliste du pays sont effectivement fondées, à voir le comportement des responsables partisans islamistes. Et pour cause, dans leurs critiques acerbes contre la politique économique du pays, aucun leader de cette obédience n'a évoqué le crédit à la consommation. Le critiquer revient à se positionner contre l'amélioration du pouvoir d'achat des Algériens. Makri, Djaballah et leurs acolytes islamistes ne veulent pas se mouiller et préfèrent laisser les lobbies travailler la société en convoquant de pseudo-économistes et des religieux douteux expliquer à l'opinion les tares du crédit à la consommation. Les premiers pointent du doigt le faible taux d'intégration des produits proposés à la vente, en recourant à de gros mensonges et les seconds trichent avec les préceptes de l'Islam pour rendre «illicite» l'acte de soutenir la production nationale. Les deux niveaux d'argumentation mènent leurs auditeurs vers le boycott de la production nationale et le choix des articles importés. Les «prédicateurs cathodiques» et les économistes autoproclamés n'évoquent jamais les milliers d'emplois que générera cette formule, ni le service après-vente et encore moins le développement de l'industrie algérienne. La raison de ces omissions tient au fait que les aspects positifs du crédit à la consommation sont synonymes de pertes sèches pour les adeptes de la vente sans facturation et les malfaçons dans les produits importés. Ce sont les «barons» des chauffages défectueux à l'origine de la mort accidentelle de dizaines d'Algériens chaque année qui financent une campagne de dénigrement qui ne dit pas son nom. Les leaders islamistes laissent faire leurs propagandistes et espèrent l'échec du dispositif, mais n'ont pas le courage d'afficher ouvertement leur opinion sur la question. Mais il est établi que leurs relais au sein de la société et dans les médias nationaux sont clairement instruits pour faire capoter la démarche du gouvernement. Il faut dire que le silence des partis islamistes vis-à-vis de cette question précisément est un acquiescement aux manoeuvres des lobbies de l'économie de bazar. Il faut dire que pour une fois, ce sont les forces du progrès qui prennent l'initiative sur le dossier du crédit à la consommation. Mais la première victoire qui a consisté en la relance du dispositif n'est qu'une première bataille de gagnée. La guerre contre l'archaïsme économique est loin d'être finie. Elle est d'ordre éminemment sociétale. Il s'agira de convaincre les Algériens qu'en achetant des produits «made in Algeria» il font travailler des Algériens et aident à la promotion de l'industrie de leur pays. C'est tout l'intérêt du combat économique futur.