Le trafic de tous genres de drogues a pris une ampleur inquiétante Le lien entre les filières de trafic de drogue et les réseaux terroristes, n'est plus à démontrer. Les rapports des services de sécurité avaient conclu, dès le début des années 2000 que le trafic de drogue, notamment le cannabis en provenance du Maroc, est l'une des sources de financement des activités terroristes. Dans ces rapports, il a été établi que «les éléments du groupe salafiste pour la prédication et le combat, ce qu'on appelle aujourd'hui Al Qaîda au Maghreb islamique, achetaient en Espagne des quantités de cocaïne mais aussi des psychotropes pour les revendre en Algérie où les prix sont 10 fois plus élevés que dans l'Union européenne, en raison de leur rareté. Ces psychotropes inondent «le marché marocain» et sont «facilement acheminés par des filières vers la frontière algéro-marocaine». Plus tard, vers 2010, d'autres rapports faisaient état du fait que deux flux de drogues illicites - l'héroïne à l'est de l'Afrique et la cocaïne à l'ouest - se rejoignent au Sahara via de nouveaux itinéraires à travers le Tchad, le Niger et le Mali. A l'évidence, les narcotrafiquants ne sont pas les seuls à en tirer profit. Les groupes terroristes et les forces antigouvernementales puisent dans les ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations destructrices. Le trafic de tous genres de drogue a pris une ampleur inquiétante, au point qu'aujourd'hui ce sont des tonnes qui sont saisies au sud par les forces de sécurité, dont de la cocaïne. Le transport du poison est de plus en plus perfectionné. Les réseaux s'en chargent avec des complicités de haut niveau depuis le Maroc, l'un des pays producteurs, mais aussi l'un des pays par où passe la cocaïne avant d'arriver au Sahel, transitant par le sud de l'Algérie pour être acheminée vers l'Europe. Cela dit et comme le prouvent les investigations de la Gendarmerie nationale, l'Algérie demeure une plaque tournante des vendeurs de cocaïne et d'héroïne. Dans ce contexte et à partir de 2008, le directeur de l'Office de lutte contre la drogue et la toxicomanie, Abdelmalek Sayeh, prévenait sur l'ampleur du phénomène. Dans une déclaration, il avait assuré que «l'Algérie est au bord d'une véritable catastrophe, si l'on ne fait pas face au phénomène de trafic de drogues dures comme la cocaïne et l'héroïne» qui, selon lui, «s'est développé de manière inquiétante, du fait que les barons de la drogue ont opté pour le trafic de la cocaïne et de l'héroïne, car elles sont faciles à transporter par voie terrestre ou maritime». M. Sayeh croit par ailleurs que «même si l'Algérie est considérée comme un pays de transit, de plus en plus de consommateurs de drogues sont dénombrés». Mais pas seulement puisque il confirme le lien entre l'activité des groupes terroristes en Algérie et la recrudescence de l'activité des barons du trafic de drogues en déclarant que «les rapports sécuritaires internes et internationaux indiquent que les groupes terroristes puisent leur financement dans l'activité des réseaux de trafic de drogue, qui leur offre une protection», ajoutant que «certains terroristes consomment également des drogues». Ainsi, pour dire qu'aujourd'hui l'Algérie fait face à un véritable défi dont l'éradication n'est pas pour demain. Les chiffres rapportés par les services de sécurité renseignent sur l'importance de ce trafic. Il a été établi durant l'année 2015 que la quantité de cocaïne saisie en Algérie a très fortement augmenté, passant de 1238,6 grammes à 86.127,5 grammes, autrement dit 6853% durant la même période de référence, ajoute le même bilan. Idem pour l'héroïne avec une hausse conséquente, passant de 339,11 grammes à 2573,75 grammes, soit une hausse de 658%. Le cannabis enregistre une baisse, mais reste important, 109.244,628 kg en 2015. En matière de psychotropes, il est question de la saisie de 548.848 comprimés de substances de différentes marques. C'est tout un dispositif de prévention auquel songent actuellement les forces de sécurité, avec une stratégie de lutte contre cette première source de financement des groupes terroristes. Mais l'Algérie, à elle seule, ne parviendra pas à relever le défi. La communauté internationale est aussi concernée par l'émergence du phénomène dans la mesure où d'importantes quantités lui sont destinées.