Les voisins ne cessent de sauter la ligne jaune pour ce qu'ils croient l'Eden du Nord. Les inculpés d'immigration clandestine maliens ont eu la chance dimanche dernier de rencontrer par un pur hasard la jeune et talentueuse avocate d'Alger-Centre, Maître Akila-Drif Teldja, venue pour un dossier de conduite en état d'ivresse qui sera d'ailleurs renvoyé pour un motif que ne connaît que l'aussi talentueuse présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey (cour d'Alger) à qui elle a rudement manqué durant une année, congé de maternité oblige. Samira Ayadi est revenue et c'est bien; oui les trois Maliens ont eu de la chance, car ils devaient absolument avoir à leur gauche un interprète qui s'est fait désirer, un raté qui commence à bien faire, car ce secteur possède de grands talents, mais on s'obstine à «n'appeler» que les... mêmes! C'est l'avocate d'Alger-Centre qui jouera le rôle de l'absent à la demande tout aussi élégante de la juge qui semble avoir de la sympathie pour les avocats sagement assis ou même ceux qui «gigotent». La robe noire joue à merveille son rôle d'interprète arabe-français et les inculpés sont à l'aise. Après l'interrogatoire, bien mené et après qu'elle se fit une nette idée de l'inculpation, elle pria, une seconde fois, Maître Drif-Teldja de défendre les personnes bougres qui s'étaient aventurées dans notre pays à la recherche de pitance et surtout de sécurité, comme le soulignera fort bien, le défenseur spontané qui allait entrer rapidement dans le vif du sujet en expliquant face à une Ayadi ravie de ne pas s'être trompée «d'aide de camp» du jour, en l'occurrence Maître Drif qui aurait peut-être au fond de son coeur avoir dans la salle tous les «Drif»: El Hadi, Zohra, Rayan, Nazim, Abdelkader et le papa Teldja qui bombe le torse de plaisir d'avoir une telle fille! Oui, cette mère de famille fougueuse à la barre sans gesticuler, arrive à capter l'attention de tous. Et c'est pourquoi, nous ne pouvons que lui souhaiter une excellente année 2016. Dans le même sens d'idées, il faut souligner aussi que la robe noire sait s'y prendre pour mettre le doigt sur la «plaie» concernant cette inculpation: l'immigration clandestine. Elle dit: «Madame la présidente, nos frères du Sud sont, au nom de la souveraineté nationale, immigrés de malchance, car si le monde était monde, un Africain du Lesotho, du Maroc et même de Madagascar est chez lui à Alger, à Tripoli ou à Conakry. Ces gens ne viennent ni de Palerme, ni de Barcelone, ce sont des Africains et nous devons avoir à l'esprit l'Europe qui fonce vers les Etats-Unis par la force des choses. Oui madame la présidente, nous vous demandons de prendre en considération la famine et l'insécurité qui les ont poussés à venir chez nous et c'est dans ce sens que je demande de bien vouloir ne pas prononcer de peine de prison ferme, mais seulement ordonner qu'on les accompagne au-delà de Tam et je... voudrais aussi que...» «Maître, cette demande relève de la compétence du parquet et je... coupe la juge qui est elle aussi interrompue! - O.K. madame la présidente, mais madame la procureure ne l'a pas... demandée et la nature a horreur du vide», martèle avec son plus beau sourire Maître Akila-Teldja Drif, heureuse d'avoir pu remplir sa demi-journée sauvée par ce double volontariat à la barre où nous avions vu trois dames chacune occupant une fonction: une avocate, une juge du siège et une parquetière, sans doute ambitieuses à souhait... Le verdict aura été une peine d'emprisonnement de deux mois assortis du sursis. De quoi se faire une peur... bleue!