Djamel, le présumé escroc a été neutralisé. Il vide l'un de ses quatre mandats d'arrêt pour... Après une très longue cavale qui l'avait mené depuis Saïd Hamdine, Bir Mourad Raïs, Alger sur Oran où il avait été arrêté car faisant l'objet de quatre mandats d'arrêt pour escroquerie après l'émission de chèques en bois, Djamel Zeghbib, la cinquantaine, même s'il fait beaucoup plus, avait été transféré en 2011 à Chelghoum Laïd (Constantine) dont le tribunal lui avait flanqué une peine d'emprisonnement ferme de cinq ans pour le délit d'escroquerie. Là, la confirmation du jugement prononcé par défaut avait eu lieu. En appel, la peine est maintenue. Puis, survient la grâce présidentielle et la.... liberté. Une de ses victimes l'entrevit dans les parages d'Hydra. Il courut s'informer au tribunal de Bir Mourad Raïs et constata que les mandats d'arrêt restants avaient été «effacés» par une main criminelle, sans doute, agréablement engraissée. Révoltée, Licik, la victime entamera alors durant trois semaines un marathon entre la cour d'Alger, le tribunal de Bir Mourad Raïs et même celui de Chelghoum Laïd et Constantine dont relève le tribunal en vue d'avoir de plus amples infos sur le comment de la disparition des mandats d'arrêt. Entre-temps, à Alger, le ministère de la Justice, la cour ne dormaient pas. Avisés par le «retour» sur et dans le réseau des mandats d'arrêt lancés par Sétif et Bir Mourad Raïs (deux), les éléments de la police judiciaire qui en avaient marre de courir après ce Djamel surnommé «Ben Laden», se jettent sur ses traces, le dénichent et le neutralisent. A la barre, face à Inès Kouhil, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs, un des avocats de la victime avait demandé un renvoi, le temps d'étudier le dossier où justice se devait d'être rendue! Une semaine plus tard, l'inculpé-détenu met le bout du nez dans le bloc des accusés et avant de regagner la barre, jette un regard en direction du fond de la salle d'audience jute pour avoir une idée sur la présence de ses proches. D'emblée, Kouhil lui demande de décliner son identité. Elle fait autant avec la victime qui semble plutôt effarouchée à l'idée de redire comment elle avait remis sur le trottoir l'argent qui les liait dans leur entreprise d'association. Juste après, l'avocat de Zeghbib introduit des questions préjudicielles tournant autour de la precription: «Madame la présidente, il s'agit d'un procès en opposition et donc il me plaît de dire à l'honorable tribunal que les faits remontent à 2008. Nous sommes en 2013. Et au mois de janvier, donc, il y a moins d'une semaine il a été arrêté. De 2008 à 2012, il y a cinq longues années. Nous demandons l'extinction des poursuites par la force de la loi.» Le tout dit dans un silence de mosquée à treize heures vingt lors d'un prêche. Maître Akila Teldja-Drif, la première avocate de Lyès K. réplique immédiatement à ce propos: «L'article 8 du Code de procédure pénale ne peut pas être appliqué car il ne faut pas oublier qu'il y a un mandat d'arrêt à vider. Et le mandat d'arrêt une fois vidé doit être suivi de la tenue du procès», a articulé l'avocate de Ben Aknoun que suit avec beaucoup d'intérêt Kouhil, Mourad Hellal et Maître Lakhdar Debache, le second avocat de la victime, qui avait respiré profondément lorsque Maître Drif-Teldja avait ajouté qu'il y a même un arrêt de la Cour suprême qui appuie cette thèse. «Il n'y a pas de prescription» articule, le front haut, l'avocate qui suivra, tout comme Maître Debache, l'interrogatoire serré de Zeghbib qui a tout entrepris pour entraîner le tribunal hors de la surface de vérité qui est «l'émission de chèque sans provision». Mais, ayant senti la tentative de fuite en avant, Kouhil met un terme au fastidieux bavardage. «Ça suffit! Revenons et restons au délit d'émission de chèque sans provision!», tonne-t-elle car elle avait au tout début eu la confirmation de l'inculpé-détenu qu'il a bel et bien «signé le fameux chèque après l'avoir lui-même rempli». Pire, pour lui, puisqu'il dira un peu plus tard après avoir mâchonné qu'il ne devait rien à Lyès K. la victime, qu'il était prêt à payer. Ce qui fera réagir Mourad Hellal le procureur: «Tiens donc! Vous allez donc payer deux fois la somme réclamée!» L'inculpé panique et c'est Kouhil qui ouvre le chemin aux plaidoiries qui ont été brèves car la présidente avait fait remarquer qu'elle n'avait pas que ce détenu à entendre! Et si l'avocat de l'inculpé s'en est tenu aux hadiths de l'Envoyé d'Allah, les deux défenseurs de Lyès K. s'étaient partagé la tâche pour viser juste et obtenir satisfaction le jour «J», en l'occurrence le 10 février 2013, date de l'énoncé du verdict sachant que le ministère public a requis la lourde peine de 5 ans ferme et le chapelet d'amendes et de dommages et intérêts réclamés dans la requête remise par la jeune Maître Drif-Teldja quii a tout entrepris pour que le bras de la justice tape fort, fort, fort...