Le jour de l'An berbère, Yennayer, n'a pas été que festif à Béjaïa. La protestation politique était également de mise aussi bien au chef-lieu qu'à Akbou, deuxième ville de la wilaya. Le Forum socialiste, le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie et le Rassemblement pour la culture et la démocratie ont initié des manifestations de protestation même si pour le cas du RCD, l'objectif était local. Le Forum socialiste, conduit par le député Khaled Tazagharth a jugé utile de mobiliser ses troupes pour crier haut et fort la nécessité d'un décret présidentiel faisant de Yennayer une journée chômée et payée à l'instar de Awal Mouharem et de la Saint-Sylvestre. D'autant plus, juge-t-il que la conjoncture s'y prête, allusion à l'avant-projet de révision de la Constitution, qui s'est singularisé par la reconnaissance de tamazight comme langue officielle. Fidèle à ses engagements, le Forum socialiste a également exigé la promulgation d'un autre décret, relatif cette fois-ci à la reconnaissance du statut de martyr aux victimes des événements de 1963, stigmatisant directement la direction du Front des forces socialistes, l'accusant de n'avoir pas suffisamment défendu ces victimes de la démocratie. Le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie n'a réussi de son côté à mobiliser que quelque 500 personnes pour une marche de protestation prévue à 10 heures. Une marche qui ne s'est ébranlée du campus de Targa Ouzemour qu'aux environs de midi. Il aura fallu attendre de faire le plein ce qui n'était pas chose aisée. De l'université de Béjaïa jusqu'à la placette Saïd Mekbel, dite «place de la Liberté», les makistes ont scandé des slogans favorables à l'autonomie de la Kabylie. Brandissant le drapeau de «l'Etat kabyle», les manifestants en majorité des étudiants, ont estimé que «l'autonomie de la Kabylie est l'unique solution pour une vie de paix et de prospérité». Arrivés au niveau de la placette, les responsables du MAK ont dû attendre que le Forum socialiste libère les lieux pour entamer la prise de parole revenant sur les slogans chers au MAK, avant de se séparer dans le calme. A Akbou, le RCD et ses élus ont procédé à la fermeture du siège de la municipalité pour exiger le règlement définitif de la crise qui ne cesse de se perpétuer indéfiniment dans cette municipalité pour se traduire par un marasme total. Le RCD interpelle les autorités concernées pour s'impliquer pleinement car il y va de l'intérêt du citoyen et de la collectivité. Pour une commune aussi riche, il est inconcevable, juge le RCD, de voir la situation aussi dégradée localement. Trois manifestations donc pour un Yennayer dont la célébration n'a jamais été aussi intense que cette année. Entre les célébrations initiées par les associations et les comités de villages et les protestations politiciennes, Yennayer a été marqué aussi par la visite d'un haut responsable du gouvernement, en l'occurrence Hamid Grine, le ministre de la Communication, venu partager deux jours durant la célébration du Nouvel An berbère à Béjaïa avec des haltes toutes aussi importantes les unes que les autres.