«L'acte d'exporter est difficile» En annonçant sa mise en place, le ministre n'a pas fait que répondre à leurs doléances; il les a également mis devant leurs responsabilités. Dire que les participants à la rencontre entre le ministre du Commerce et les exportateurs algériens organisée, hier, au siège de l'Agence nationale de promotion des exportations (Algex), ont été surpris - et agréablement, il faut le dire - par la décision prise, sur le champ, par le premier cité, serait, à coup sûr, en deçà de la réalité de ce qu'ils ont ressenti vraiment. En annonçant, au tout début de son intervention qui a suivi celles nombreuses des exportateurs présents à cette rencontre tenue à l'initiative de l'Anexal (Association nationale des exportateurs algériens), «la mise en place d'une cellule d'urgence dont la tâche essentielle sera l'accompagnement des opérateurs qui sont confrontés à des entraves dans leurs démarches visant à l'exportation de leurs produits», Bakhti Belaib n'a pas fait que répondre à leurs doléances; des doléances découlant des critiques acerbes sur leurs nombreuses défaillances en la matière qu'ils leur ont adressées, portant sur une implication plus franche des pouvoirs publics dans la promotion des exportations hors hydrocarbures. Il les a également mis devant leurs responsabilités. Trois faits attestent de cela: son insistance à ce que «la mise en place de la cellule annoncée se fasse dans les plus brefs délais»; «sa décision de donner une périodicité hebdomadaire aux réunions de celle-ci»; et sa décision «de présider lui-même ces réunions». Des faits qui, à l'évidence, sont voulus par le ministre comme l'expression de l'intérêt des pouvoirs publics à la dynamisation des exportations hors hydrocarbures. Tout en reconnaissant que «l'acte d'exporter est difficile», Bakhti Belaib ne l'a pas moins considéré, surtout par les temps qui courent marqués, pour reprendre ses propos, par «une forte contrainte financière», comme «un acte éminemment patriotique» qu'il a inscrit dans la démarche des pouvoirs publics visant «à débarrasser définitivement l'économie nationale de sa forte dépendance actuelle des hydrocarbures». Ce qui ne l'a pas empêché toutefois de reconnaître le bien-fondé de nombreuses critiques formulées par nombre d'intervenants contre les défaillances répétées des pouvoirs publics dans leur action à promouvoir les exportations. Dans son intervention précitée, le ministre a, en effet, reconnu, entre autres, «l'erreur, commise par les pouvoirs publics, d'avoir signé des accords de libre-échange avec des pays où nos produits ont de très faibles chances de se vendre et de ne pas l'avoir fait avec ceux où nos produits en ont de sérieuses, d'y conquérir des parts de marché». Une allusion à peine voilée aux pays africains qui constituent pour quasiment tous les intervenants, des marchés potentiels pour nos produits. Mais à condition, ont-ils précisé, que «l'Etat aide les exportateurs à y développer une stratégie claire et surtout offensive de pénétration». Une stratégie qui prendrait en compte tous les aspects: financiers, par une présence effective des banques algériennes dans les pays africains ciblés; notamment ceux du Sahel; administratifs, par l'ouverture dans ces pays d'antennes de l'Agex; une ouverture qui permettrait le règlement en temps réel de tous les problèmes auxquels pourraient être brusquement confrontés les exportateurs; et logistiques; concernant ce dernier aspect, les intervenants ont préconisé, dans l'objectif également de maîtriser le facteur temps - primordial, ont-ils déclaré, dans l'acte d'exporter et ce, au vu de la forte concurrence existant sur les marchés africains -, la mise en place, à Tamanrasset, plus précisément, «d'une grande plate-forme d'exportation, qui fonctionnerait comme une zone off-shore, d'où partiraient les produits destinés à l'exportation en direction de l'Afrique». Parmi les autres problèmes dénoncés par les exportateurs présents, certaines dispositions de la législation des changes. Considérées par les exportateurs comme de véritables épées de Damoclès suspendues au-dessus de leur tête, celles-ci piétinent, selon Ali Bey Nasri, président de l'Anexal, «un des principes juridiques cardinaux qui est la présomption d'innocence». Et ce, dans la mesure du la présomption où, a-t-il précisé, «elles assimilent tout retard dans le rapatriement des paiements à une fuite de capitaux». Dans la lancée, il n'a pas manqué de s'interroger sur «les raisons qui retardent l'activation du Conseil consultatif pour la promotion des exportations»; un organisme dont la création a été décidée en...2003. Sur un autre registre, le ministre du Commerce a eu à se prononcer, dans un point de presse improvisé, sur un certain nombre de sujets d'actualité intéressant son secteur. Concernant les licences d'importations, il a confirmé «l'annonce dans les tout prochains de six autres produits qui seront concernés». Quant à la hausse de l'inflation enregistrée ces derniers temps, et confirmée par l'ONS (Office national des statistiques), il l'a imputée «à la baisse de la valeur du dinar par rapport aux devises étrangères dans lesquelles sont libellées nos importations, et à la non-répercussion, par les importateurs qui les ramènent, de la baisse à l'international des prix de certains produits». Ceci non sans annoncer, concernant ce dernier fait, «l'ouverture d'une enquête par les services compétents de son département ministériel». Et ce, dans l'objectif, a-t-il annoncé, «de prendre les mesures coercitives qui s'imposent».