La chute du prix du pétrole continue Il sera difficile au gouvernement d'élaborer la prochaine loi de finances sur la base d'un baril à 37 dollars, la situation risque, en effet, de se compliquer davantage avec le retour imminent du pétrole iranien dans un marché déjà saturé. L'Algérie franchit un pas de plus vers l'austérité. La dégringolade des prix du pétrole s'accentue. Les perspectives de leur redressement s'éloignent de façon irrésistible. Le baril qui a enclenché une marche arrière pratiquement sans précédent en cédant quelque 15% de sa valeur depuis le début de l'année 2016 n'a vraisemblablement pas fini de broyer du noir. Conséquences: les réserves financières de l'Algérie sont menacées. L'effet collatéral sera inévitable. Il sera difficile au gouvernement d'élaborer une loi de finances sur la base d'un baril à 37 dollars, la situation risque de se compliquer davantage avec le retour imminent du pétrole iranien dans un marché déjà saturé. Le Fonds de régulation des recettes (FRR) ainsi que son fabuleux bas de laine, deux mamelles de la trésorerie du pays qui constituent le baromètre de son état de santé, risquent de fondre plus rapidement que prévu à cause du tarissement des revenus pétroliers. Le FRR se situe à un niveau où il ne peut même pas assurer la facture des importations qui devrait se situer au-dessus des 50 milliards de dollars en 2015, les réserves de changes ont baissé de plus de 30 milliards de dollars entre l'été 2014 et le mois de septembre 2015 pour s'afficher désormais au-dessus des 152 milliards de dollars. Une «sécheresse financière» qui met en danger les équilibres financiers du pays tout en représentant une réelle menace pour sa stabilité. La prochaine loi de finances pourrait réserver dans pareille situation des surprises bien désagréables aux citoyens que ne pourrait supporter leur pouvoir d'achat déjà bien malmené des flambées des prix récurrentes et intempestives des produits de consommation de base, des fruits et légumes... Les indicateurs font malheureusement craindre le pire. Les prix du pétrole se sont enfoncés sous la barre des 30 dollars et comptent apparemment bien s'y installer. Hier, vers 12h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, affichait 29,66 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, accusant un recul de 1,22 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février cédait 1,60 dollar (par rapport à la veille Ndlr) pour se négocier à 29,60 dollars. Le marché déprime. Pourquoi? «Le secteur de l'énergie a connu sa pire semaine de repli depuis juin 2011 alors que le retour imminent des barils iraniens et le temps doux aux Etats-Unis ont entraîné une forte baisse du pétrole brut et du gaz naturel», expliquait Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. «Cela contribue simplement à montrer à quel point les investisseurs sont pessimistes en ce moment vis-à-vis de la perspective de l'arrivée d'une offre fraîche en provenance d'Iran venant frapper un marché déjà saturé», relevait de son côté Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. Faut-il s'attendre à une énième chute des prix? «Si le baril de brut se maintenait sous les 30 dollars, la voie serait ouverte à des pertes supplémentaires, ce qui pourrait potentiellement faire descendre les prix jusqu'à 25 dollars. S'il faut ajouter à cela les déclarations du président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui avait plaidé pour une réunion extraordinaire, le mois de mars, qui confirme que l'Arabie saoudite demeure le chef de file incontesté du cartel, autant dire que le baril demeurera en chute libre. «Nous avions dit que si le prix atteignait 35 dollars le baril, nous commencerions à examiner la convocation d'une réunion extraordinaire», avait indiqué le 12 janvier Emmanuel Ibe Kachikwu, ministre d'Etat nigérian pour les Ressources pétrolières. La réponse ne s'est pas fait attendre. «Malgré la gravité de la crise, il n'y aura pas de réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour décider de réduire une offre surabondante et faire ainsi remonter les cours», a aussitôt répliqué le cartel par la voix de deux de ses représentants. La guerre des prix décidée par l'Arabie saoudite se poursuit. La descente aux enfers du baril aussi. L'Algérie risque d'en faire les frais au même titre d'ailleurs que la majorité des pays producteurs.