La sonnette d'alarme est tirée. Le "tsunami" de 2008 est encore dans les esprits. Les prix du pétrole qui avaient atteint au mois de juillet de cette année un record historique en affichant plus de 147 dollars le baril, ont chuté à moins de 87 dollars en décembre de la même année. L'économie nationale dont les recettes en devises dépendent à 98% des exportations a accusé le coup. Et l'on avait même commencé à préparer l'opinion à une période de "vaches maigres". Ainsi, hier les cours du pétrole baissaient fortement en cours d'échanges européens, atteignant même à Londres un nouveau plus bas en cinq ans, plombés par les perspectives d'une offre toujours surabondante en 2015. Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 67,65 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,42 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Les cours du Brent ont atteint vers 09H45 GMT un nouveau plus bas depuis octobre 2009, à 67,35 dollars le baril. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 1,13 dollar à 64,71 dollars. La référence américaine du brut a atteint vers 05H55 GMT 64,56 dollars, un nouveau plus bas depuis le 1er décembre, jour où elle était tombée à un plus bas depuis octobre juillet 2009 (63,72 dollars). La surabondance de l'offre et le ralentissement de la croissance de la demande mondiale pèsent toujours sur les cours. Ainsi, la chute surprise des importations en novembre en Chine, premier consommateur de ressources énergétiques et deuxième économie au monde, alimentait les inquiétudes des investisseurs et opérateurs de marché. La demande (globale) est peu susceptible de croître suffisamment à court terme pour absorber l'énorme excédent d'offre à l'horizon pour le premier et le second trimestre 2015, précisaient les experts de Commerzbank. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'a pas réduit son plafond de production (30 millions de barils par jour) lors de sa dernière réunion. Et, d'après David Hufton, analyste chez le courtier PVM, l'Arabie saoudite, le chef de file du cartel ne donne aucune raison de croire à un revirement de situation. L'Arabie saoudite s'est lancée dans une guerre des prix pour protéger ses parts de marché en baissant ses prix de vente officiels pour ses exportations de pétrole vers l'Asie et les Etats-Unis, selon des analystes. Le pays viserait un prix du baril entre 60 et 70 dollars, toujours selon les experts. Le déclin du prix du baril de pétrole est beaucoup plus accentué qu'attendu. L'inaction de l'Opep lors de sa réunion de fin novembre a été appréhendée par les investisseurs comme un signal de vente massif. La dynamique est désormais aux mains des vendeurs, c'est un peu comme si les acheteurs avaient déserté le marché, commentait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. Certains investisseurs anticipent déjà un retour durable vers les 60 dollars. L'histoire du marché pétrolier nous a enseignés suffisamment que les anticipations de prix sont souvent erronées. Il y a encore six ans de cela, on s'attendait à un baril avoisinant les 200 dollars, avertissait M. Dembik. Pour Fawad Razaqzada, analyste chez Gain Capital, la prédiction des prix du pétrole est en effet un exercice difficile, mais il pense que les prix pourraient rebondir prochainement. La vitesse à laquelle les prix de l'or noir sont tombés depuis la mi-2014 suggère qu'une reprise pourrait venir, soulignait-il. Mais pour le moment, la hausse de l'offre de pétrole et un dollar fort enlèvent toutes raisons de parier sur un rebond, estimait de son côté Ole Hansen, analyste chez Saxobank. La ligne jaune a été franchie. Il ne reste plus qu'à prier pour que les cours de l'or noir ne s'effondrent pas. Pour rappel, Sonatrach avait, avant hier, annoncé qu'elle maintenait ses niveaux d'investissements inchangés pour les cinq prochaines années, malgré une baisse des prix du baril.