L'ONG Amnesty International a affirmé disposer de preuves que la coalition du Golfe conduite par l'Arabie saoudite a de nouveau utilisé des bombes à sous-munitions dans la capitale yéménite Sanaa, une information récemment démentie par cette coalition. Amnesty dit avoir «recueilli des preuves qui semblent confirmer les informations que les forces de la coalition conduite par l'Arabie saoudite avaient largué des bombes à sous-munitions de fabrication américaine le 6 janvier 2016 sur la capitale Sanaa». L'attaque a tué un jeune de 16 ans et blessé au moins six autres civils à Mouïn, un quartier de l'ouest de Sanaa, «et des sous-munitions ont été dispersées dans au moins quatre secteurs résidentiels» du quartier, ajoute Amnesty dans un communiqué. L'ONG affirme avoir interrogé des habitants, des membres des familles des victimes, un officier de sécurité et des photographes. «La coalition est la seule partie au conflit à avoir la capacité de larguer des bombes par voie aérienne», rappelle Amnesty, en l'appelant à «cesser d'utiliser les bombes à sous-munitions», bannies par la convention internationale de 2008. «Même si les Etats-Unis, le Yémen, l'Arabie saoudite et la majorité des membres de la coalition (...) ne sont pas signataires de cette convention», ces pays sont tenus, en vertu du droit humanitaire international, à ne pas utiliser ce genre de bombes, «qui constituent toujours une menace pour les civils», souligne Amnesty. Le porte-parole de la coalition, le général de brigade saoudien Ahmed al-Assiri, avait démenti dimanche dernier l'utilisation de ce genre de bombes dans la capitale yéménite. «Nous démentons utiliser des bombes à sous-munitions à Sanaa», avait-il déclaré, en réagissant à un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié le 7 janvier parlant de bombes à sous-munitions dans une attaque de la coalition le 6 octobre. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait fait état le 8 janvier d' «informations troublantes» sur l'utilisation de bombes à sous-munitions à Sanaa et averti que l'usage de telles armes pour bombarder des zones peuplées «pourrait constituer un crime de guerre». La communauté internationale s'inquiète du lourd tribut payé par les civils dans le conflit au Yémen qui oppose le mouvement rebelle Ansaruallah, contrôlant la capitale et une bonne partie du nord, aux forces pro-gouvernementales. Il a fait près de 6000 morts, dont 2800 parmi les civils, et a déclenché une grave crise humanitaire.