«Malgré les discours optimistes et les promesses, nous n'avons rien vu venir». Les habitants du terrain Chabat situé dans le quartier populeux Les Planteurs sont sortis, il y a deux jours, dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. La situation aurait pu déraper, tant les problèmes vécus par ces citoyens sont multiples. Le sens des responsabilités et l'esprit du dialogue ont permis de désamorcer une bombe qui était prête à exploser à tout moment. Ce qui avait suscité cette réaction des habitants est le laisser-aller dans lequel ils végètent. Les ordures qui s'amoncellent dans les lieux ont transformé ce site, jadis jardin potager de la ville d'Oran, en véritable décharge publique où s'entassent des ordures en tous genres. L'absence d'éclairage public et de routes bitumées donnent la touche finale au sombre décor dans lequel vivent ces citoyens, oubliés des élus locaux. «On pensait que la vaste campagne de nettoyage et de réhabilitation de l'espace urbain lancée par le wali allait nous toucher, malheureusement rien n'a été fait pour nous», s'insurgent des habitants. Le bouche à oreille avait permis à des dizaines d'habitants de se rencontrer sur la place du quartier pour exiger, dans le calme la présence des élus locaux. «C'était pour nous la seule façon de contraindre nos élus à venir constater dans quelles conditions nous vivons» dira un habitant. Le quartier qui fait l'objet d'un programme de réhabilitation qui s'inscrit dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire, financé par la Banque mondiale, abrite plus de 8000 âmes. «Malgré les discours optimistes et les promesses des élus, nous n'avons rien vu venir. L'eau courante, l'électricité et le gaz de ville sont un luxe pour certains habitants du quartier. En hiver, les rues se transforment en véritable bourbier qui empêche les enfants d'aller à l'école et contraint les piétons à rester chez eux», diront des jeunes rencontrés sur les lieux. Les habitants, qui ont sollicité une rencontre avec le wali, se disent outrés par le comportement de leurs élus qui ne prêtent aucune attention à leurs doléances. «Nous avons réussi à obtenir une audience et nous dénoncerons le laxisme des responsables locaux» diront-ils. Les habitants du terrain chabat se sont dispersés dans le calme mais sauront-ils longtemps contenir leur colère?