La lutte contre la criminalité sous toutes ses formes a finalement porté ses fruits dans la capitale du crime. Il y a deux ans, chaque descente des corps de sécurité avait son triste lot de criminels, d'armes prohibées, de saisies importantes de drogue, d'alcool et de divers produits de vols. En cet été 2007, on constate avec un grand soulagement que le pays de Sidi El-Houari vit dans le calme, même si quelques petits délinquants se font encore attraper pour des délits que l'on peut considérer comme mineurs. La dernière descente des gendarmes, effectuée mercredi dernier au niveau des quartiers réputés chauds de la ville, démontre que la situation s'est nettement améliorée. Avec 300 gendarmes sur le terrain, l'opération s'est soldée par 6 arrestations sur 247 interpellations. C'est tant mieux pourrait-on dire. Cependant, Oran est en train de vivre une autre amère situation caractérisée par un mal de vivre au bord de l'insupportable. les citoyens de plusieurs quartiers d'El-Bahia, qui garde encore son charme, expriment à chaque occasion leur colère. de M'dina J'dida à El-Hamri, c'est le même leitmotiv. Tout récemment aux Planteurs, le pire a été évité et ce n'est pas fini. Un bouillonnement est constaté au sein des quartiers misérables. Sur l'emplacement du projet de marché à Aïn Beïda (périphérie) tombé à l'eau, 17 familles vivent dans un état de précarité avancé. De minuscules locaux abritent jusqu'à sept ou huit membres d'une même famille. Les enfants insouciants, dépenaillés nous suivent dans notre “visite”. Les femmes racontent la misère quotidienne. “Nous sommes natifs d'Oran. Les nouveaux débarqués sont aujourd'hui bien logés tandis que nous, on ne fait même pas attention aux souffrances que nous vivons chaque jour que Dieu fait”, dira cette mère de deux enfants asthmatiques. Sa voisine enchaîne : “On a constitué plusieurs dossiers de logement au niveau des organismes concernés. Hélas ! nous demeurons des laissés-pour-compte.” Ces familles n'ont pas d'eau courante et l'électricité est branchée anarchiquement. Derrière ces logis de fortune, pousse une décharge publique. À voir les monticules de détritus, on se rend vite à l'évidence que les élus ont jeté l'éponge depuis longtemps déjà. Ce qui n'est pas étonnant d'ailleurs quand un autre malheureux constat est dressé au niveau de ce gigantesque quartier de Aïn Beïda qui compte, selon les autorités locales, pas moins de 80 000 habitants. Sans statut de commune s'il vous plaît ! Des constructions anarchiques où le réseau VRD n'est qu'une vue de l'esprit. El-Hassi, un autre misérable coin de la daïra d'Es-Sénia n'a rien à envier à son voisin. Les routes, qui rêvent de goudron, peuvent toujours espérer un hypothétique geste salvateur de ce député passé par là le temps d'une campagne avec, comme bagages, des slogans où l'impossible n'a pas sa place. Un trou coupé du reste du monde avec une population qui avoisine les 60 000 âmes respirant la poussière à pleins poumons en été et pataugeant dans la gadoue en hiver. El-Hassi (le puits) vit paradoxalement le manque d'eau puisque ses habitants comme un peu partout à Oran achètent à prix fort le liquide précieux. La population d'El-Bahia n'est pas au bout de ses peines et les élus ont apparemment d'autres préoccupations que l'état des routes mitées par des cratères. La saleté, les eaux stagnantes et nauséabondes sans parler du chômage et autres problèmes à l'origine du ras-le-bol souvent exprimé avec violence. Le report de la visite du président de la république aurait-il son explication à ce sujet ? L'on ne peut tout de même augurer de rien, mais gageant que l'itinéraire ne montrera pas ce qu'il ne faut pas voir. Bons vivants de nature, les citoyens de cette mégapole espèrent que les élus prennent conscience de l'état lamentable des lieux pour améliorer les conditions catastrophiques dans lesquelles se morfondent leurs administrés. Ali FarÈs