Le djihadisme et l'islam radical sont devenus le thème récurrent dans le paysage audiovisuel et cinématographique français; pour preuve, le Festival international des programmes audiovisuels (Fipa), s'en est fortement inspiré en faisant sa sélection cette année. Le festival du petit écran qui a proposé une sélection de 140 oeuvres internationales, pour moitié inédites, a voulu faire le focus sur certaines oeuvres anti-djihadistes. On retiendra «Ne m'abandonne pas», un téléfilm de Xavier Durringer qui sera diffusé sur France 2. L'histoire d'une jeune fille (Lina Elarabi), brillante étudiante, tout juste reçue à Sciences Po, fierté de sa famille musulmane non pratiquante, qui se radicalise à l'insu de ses parents. Sa mère va tout mettre en oeuvre pour l'empêcher de rejoindre en Syrie un jeune homme parti faire le djihad, qu'elle a épousé sur Internet. Dans la catégorie des grands reportages, on retiendra «Salafistes», de François Margolin et Lemine Ould Salem, qui dévoile la route du djihadiste de Tombouctou à Gao au Mali fin 2012. Les auteurs parlent avec la police islamiste et les djihadistes qui surveillent les habitants et veillent à l'application de la chariaâ pour traquer «les péchés», le vol, l'alcool, l'adultère, la promiscuité, les comportements douteux de tous et en particulier des femmes. Leur film sera diffusé sur France 5. Autre reportage dénonçant le djihadisme, «Mijn Jihad», du réalisateur belge Mark de Visscher qui a mené une enquête en Belgique et au Liban et qui a cherché à savoir comment la communauté musulmane ressent et aborde l'extrémisme. A Vilvoorde en Belgique, un jeune explique que «chaque habitant connaît bien quelqu'un qui est parti» faire le djihad en Syrie. Des témoignages d'amis, de parents de ceux qui sont partis. Le plus terrifiant demeure «The women who joined the Taliban» (Les femmes qui ont rejoint les taliban), un film canadien de Kai Lawrence sur la conversion à l'islam d'une Canadienne après le 11 septembre 2001 et son départ en Afghanistan, ou «Among the believers», de Hemal Trivedi et Mohammed Ali Naqvi, un documentaire réalisé au Pakistan, au sein de la Mosquée rouge où les enfants sont éduqués dans la ferveur du djihad. Autant de reportages et de films qui offrent une vision pas assez proche du sujet. Dans ce festival français, la présence des documentaires arabes et maghrébins sur la montée de l'islamisme est quasiment inexistante. A contrario, le festival du documentaire d'Al Jazeera à Doha présente à l'inverse, des reportages et des documentaires qui démontrent que la montée de l'extrémisme et de l'islamisme est le fruit de l'invasion américaine en Irak et européenne en Libye. C'est bien un film jugé offensant envers le Prophète Mohammed (Qsssl) qui avait déclenché des violences antiaméricaines, en Egypte et en Libye. L'ambassadeur des Etats-Unis en Libye et trois autres employés sont morts dans l'attaque du consulat à Benghazi en 2012. Alors qui est le responsable de ce chaos? [email protected]