La réunion à sept va permettre de faire «le bilan des actions de la coalition» et «d'étudier les pistes d'intensification de la campagne militaire», selon l'entourage du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. La coalition militaire internationale luttant contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et Irak révisait hier à Paris sa stratégie avec l'objectif de mobiliser plus de moyens contre l'organisation jihadiste qui semble perdre du terrain au Levant mais progresser en Libye. Les ministres de la Défense des sept pays les plus engagés dans la campagne aérienne de la coalition et dans la formation des forces irakiennes - Etats-Unis, France, Australie, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie et Pays-Bas - se sont retrouvés au ministère français de la Défense. Très impliquée militairement en Syrie au côté du régime de Damas, la Russie n'est pas présente mais sera au coeur des discussions, les Occidentaux estimant qu'elle frappe trop la rébellion susceptible de participer à un règlement politique de la crise et pas assez l'EI. «Les bombardements russes nous dérangent de plus en plus (..) Plusieurs centaines de civils ont été tués lors de raids, avec des bombes non guidées, sur des groupes d'opposition qui combattent Assad», a déploré le ministre britannique de la Défense Michael Fallon avant la rencontre. Le souhait de la France d'une «grande et unique coalition» contre l'EI est resté lettre morte, même si Paris et Moscou ont renoué les fils d'un dialogue militaire. Prévus le 25 janvier à Genève, des pourparlers pour une solution politique s'annoncent ardus en raison de désaccords sur la composition de la délégation de l'opposition. Les chefs des diplomaties américaine et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, devaient en discuter hier à Zurich, en Suisse. Lancée à l'été 2014, cette campagne aérienne semble commencer à porter ses fruits, avec de premiers reculs de l'EI à Kobané (Syrie), Sinjar et dernièrement Ramadi (Irak). «Il faut capitaliser sur ces reculs de Daesh (EI) en Irak et resserrer la corde autour de la tête du serpent à Raqqa», capitale de facto de l'EI en Syrie, a insisté M. Fallon. L'organisation continue toutefois de recruter des combattants étrangers - à raison d'une centaine par semaine selon Paris - et a lancé samedi une offensive sur la ville de Deir Ezzor (est), encore tenue par Damas. Les jihadistes ont libéré depuis 270 des 400 civils qu'il avaient enlevés au début de l'assaut, après les avoir interrogés sur leurs éventuels liens avec le régime, selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). Les frappes de la coalition se sont intensifiées depuis les attentats de Paris en novembre, notamment sur les sites de production de pétrole, dont le trafic était l'une des principales sources de revenus pour l'EI. «Il faut frapper plus fort» ces cibles, selon M. Fallon. Ashton Carter a souhaité pour sa part avant la réunion que «le nombre et la variété» des formateurs envoyés par les pays de la coalition «augmente», afin de donner de vrais savoir-faire antiterroristes aux soldats mais aussi aux policiers irakiens. Ces formateurs, notamment américains, australiens et français, ont déjà entraîné 15.000 soldats irakiens, notamment à la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED), et les véhicules kamikaze, armes privilégiées de l'EI. La Turquie, longtemps jugée trop complaisante vis-à-vis de l'EI jusqu'à ce que l'organisation ne soit soupçonnée de plusieurs attentats sur son sol, propose aussi de former des combattants syriens en Syrie même, a par ailleurs confirmé l'entourage de M. Carter. Cette proposition n'est toutefois «pas encore complètement finalisée» et le chef du Pentagone n'en est pas encore au stade de la décision, a-t-on ajouté de même source. Les Etats-Unis veulent aussi inciter les pays de la coalition, y compris ceux du Golfe, à faire plus au Levant. Selon M. Carter, la coalition a besoin de moyens de reconnaissance aérien (ISR, avions ou drones), de forces spéciales, de moyens de transport et de logistique.