Très impliquée militairement en Syrie, la Russie n'était pas présente au « Conseil de Guerre » coprésidé par le Français Jean-Yves Le Drian et l'Américain Ashton Carter. Cette réunion a permis de dresser le bilan des actions de la coalition et d'étudier les pistes d'intensification de la campagne militaire en Irak et en Syrie. Lancée à l'été 2014, cette campagne a longtemps souffert des engagements épars de ses membres, mais elle commence enfin à porter ses fruits, selon des experts. Défait à Kobané (Syrie), Sinjar puis dernièrement à Ramadi (Irak), le groupe Daech est mis en difficulté par les bombardements aériens quotidiens. Les frappes se sont intensifiées depuis les attentats de Paris en novembre, notamment sur les sites de production de pétrole, dont le trafic était l'une des principales sources de revenus pour le groupe qui a réduit de moitié les salaires de ses combattants en Syrie et en Irak. « Il y a des tensions au sein de l'organisation, des baisses de rémunération des combattants, des effets d'érosion de Daech », assure-t-on à Paris. Pour les Américains, la réunion de Paris doit permettre de rassembler plus de soutien. « Beaucoup de nations peuvent faire plus », ne cesse de répéter le secrétaire américain à la Défense. Le message semble s'adresser notamment aux pays arabes et du Golfe, davantage mobilisés depuis mars sur le Yémen. Une participation accrue, même symbolique, serait vivement appréciée, souligne-t-on dans l'entourage de M. Carter. Les pays d'Asie, impliqués surtout dans des activités humanitaires, pourraient aussi accroître leur soutien en termes de fournitures d'équipements militaires. Appui sur des forces locales en Irak Dans un rare aveu, le chef des opérations de l'état-major français, le général Didier Castres, a récemment reconnu, devant des parlementaires, que la stratégie militaire de la coalition souffrait de « faiblesses pour produire des effets rapides ». Notamment, a-t-il précisé, dans les « moyens engagés » et du fait de procédures américaines très contraignantes pour éviter des dommages collatéraux. Lors de leur réunion, les sept ministres ont également étudié quels moyens supplémentaires mobiliser (matériels, formateurs...) pour accélérer la montée en puissance des forces locales peshmergas kurdes et armée irakienne. Ces formateurs, américains, australiens et français, ont déjà entraîné 15.000 soldats irakiens, notamment à la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED), et les véhicules kamikaze, armes privilégiées de Daech. Si les Occidentaux rechignent à renouveler l'expérience d'une présence américaine massive au sol en Irak, ils reconnaissent la nécessité d'augmenter le nombre de leurs forces spéciales et leurs capacités en collecte de renseignements. Parmi les Européens, les Pays-Bas avaient promis une réponse sur leur engagement d'ici fin janvier. L'Australie, en revanche, a déjà rejeté toute idée d'un accroissement de son aide militaire. La Libye, où Daech profite depuis des mois du chaos politique pour monter en puissance, a également fait partie des discussions, mais il n'y pas de propositions concrètes sur la table, affirme-t-on à ce sujet de source militaire américaine.