Il est de notoriété publique que le FFS, se considérant comme étant le plus vieux, donc le plus légitime parti d'opposition, s'emploie toujours à imposer son propre agenda. Le FFS tient toujours à son projet de «reconstruction du consensus national». C'est ce qu'une source du parti nous a affirmé. «En ce moment, nous sommes en train de préparer le quarantième jour du décès de Hocine Ait Ahmed. Juste après, nous allons reprendre nos concertations. Mais cette fois-ci, nous allons tabler beaucoup plus sur les organisations de la société civile», a-t-on indiqué. En effet, annoncé le 30 octobre, lors d'un meeting à Tizi Ouzou, la reprise de ce projet a été stoppée par le décès du leader historique du FFS. Lors de cette sortie publique, pour rappel, Mohamed Nebbou, secrétaire général du parti, avait déclaré qu'«il était décidé à engager une nouvelle série de rencontres de concertation avec les acteurs politiques, économiques et sociaux pour la reconstruction du consensus national». Il est donc attendu, dans les semaines qui viennent, que le FFS partage le terrain avec les acteurs de la Cltd et de l'Isco qui se préparent à se déployer en vue de mobiliser les acteurs politiques et la société civile en prévision du congrès de l'opposition prévu le 17 mars prochain. Ce qui est notable, c'est que ces deux «camps» tentent difficilement de ne pas s'attaquer, les uns aux autres, affirmant «se respecter en dépit de divergences». Mais il est quasi impossible de ne pas voir dans «l'entêtement» du FFS à jouer en «solo», malgré l'échec tonitruant de son initiative, une volonté de concurrencer le projet de transition démocratique», porté par l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition, voire de le saboter. Certains observateurs n'hésitent d'ailleurs pas à prévoir, très prochainement, une confrontation entre eux. «La Cltd et l'Isco veulent associer le FFS et c'est normal, car, ce parti représente un grand potentiel de mobilisation et jouit d'une grande sympathie dans les milieux universitaires. De plus, il a toujours été dans l'opposition et, sur le fond, sa vision est pratiquement la même que celle des partis regroupant ces coalitions. Il s'agit de retourner à la légitimité. Il n'est donc pas exclu que le FFS participe à Mazafran 2», nous explique un ex-secrétaire général du FFS. Mais ceci reste très relatif, compte tenu des données du terrain et des déclarations publiques de ce parti. En effet, la direction du Front des forces socialistes n'a raté aucune occasion de réaffirmer son attachement à son projet qu'il qualifie de «rassembleur», tout en l'opposant aussi bien à celui du pouvoir qu'à celui de l'opposition jugés, tous les deux, non consensuels». Au pouvoir, le FFS reproche l'hypocrisie. A la Cltd, il reproche l'impertinence. «Ils appellent à des présidentielles anticipées supervisées par une commission indépendante, feignant d'oublier que c'est le même appareil qui a fabriqué le président actuel ainsi que d'autres et qui fabriquera le prochain sans aucun changement tangible pour les Algériens», a entre autres déclaré Mohamed Nebbou, à l'adresse des partis d'opposition. De plus, à chaque fois, une parade est trouvée pour décliner l'invitation faite au FFS de rejoindre l'Isco. «Il est de notoriété publique que le FFS, se considérant comme étant le plus vieux, donc le plus légitime, parti d'opposition, s'emploie toujours à imposer son propre agenda. Mais aujourd'hui, nous ne sommes pas dans une logique de compétition politique car le système ne permet aucune vie politique saine. Notre objectif est d'aller vers une véritable démocratie. Après, la compétition politique aura un sens», analyse un membre de la Cltd, regrettant que le FFS s'accroche à un projet qui, pourtant, ne diffère presque en rien de celui adopté à Mazafran, excepté sur la question de l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. L'opposition, divisée en une majorité qui plaide pour une transition démocratique et qui compte peser en faveur de son projet à travers la mobilisation, notamment à l'aune des actions qui seront arrêtées lors de «Mazafran 2», et une minorité, incarnée par le FFS qui, rejetant toutes les offres qui lui sont faites, se cherche un cap sans succès. En relançant son projet de reconstruction du consensus national après un premier échec, le FFS est-il en position de jouer le tout pour le tout?