C'est officiel. L'opposition tiendra son deuxième congrès le 18 février 2016. C'est ce qui a été décidé lors de la réunion de l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco). Les membres de cette instance qui regroupe les partis de la Coordination des libertés et de la transition démocratique (CLTD), le Pôle des forces de changement, des personnalités publiques, auxquels s'est joint l'ancien candidat à la dernière élection présidentielle, Ali Benouari, s'attellent à préparer cette rencontre. Après le premier congrès du Mazafran du 10 juin 2014, un succès aussi bien médiatique que politique, l'opposition n'a pas le droit à l'erreur si elle ambitionne vraiment de réaliser ses objectifs. Le rendez-vous du 18 février sera un véritable test pour elle. Au stade actuel des choses, il ne reste qu'à choisir le lieu de la tenue de ce congrès «rassembleur» et l'autorisation de l'administration. Le grand défi de l'Isco reste de rallier à sa cause les autres forces de l'opposition, notamment le FFS qui défend toujours son initiative de reconstruction du consensus national, et le PT qui n'est plus en odeur de sainteté auprès du pouvoir. En attestent son clash avec le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, et les réactions violentes des tenants du pouvoir à la demande d'audience adressée au chef de l'Etat par plusieurs personnes dont Louisa Hanoune. La dernière alliance conjoncturelle au sein du Parlement entre les groupes du FFS et du PT avec les groupes des partis membres de l'Isco pour s'opposer à la loi de finances 2016 pourra trouver un prolongement à l'occasion du prochain congrès du 18 février 2016. Mais rien n'est gagné pour le moment, même si l'Isco a salué la position des députés de l'opposition par rapport à cette loi. Selon toute vraisemblance, des invitations seront envoyées au responsable du plus vieux parti de l'opposition ainsi qu'à ceux du PT pour prendre part à la rencontre qui sera placée sous le signe de l'exigence de la transition démocratique. C'est autour du même principe que se déroulera ce qui est appelé «Mazafran II», placé sous le thème «Le congrès des forces nationales pour la transition démocratique», avec les mêmes revendications. A savoir une transition démocratique matérialisée à travers la création d'une instance indépendante d'organisation des élections, des élections anticipées, un gouvernement d'union nationale et une Constitution consensuelle. Dans le communiqué qui a sanctionné sa dernière réunion (mercredi soir au sein du siège du parti El Binaa), l'Isco a appelé tous les partis et les personnalités nationales à rejoindre l'organisation «pour éviter au pays toute dérive». Reste que certaines divergences existent entre les partis membres de l'Isco, notamment les démarches à suivre pour réaliser la transition démocratique. Au moment où certains plaident pour la construction d'un rapport de force en recourant à la rue en vue d'amener le pouvoir à négocier une sortie de crise, d'autres préfèrent les réunions des salons et les dénonciations à travers les communiqués. Dans une tribune publiée hier sur sa page facebook, le président du MSP, Abderrazak Makri, a affirmé que son parti n'aura recours à la violence sous aucun prétexte. Il a souligné que certaines parties veulent pousser les forces de l'opposition soit à quitter le terrain politique soit à aller vers plus d'extrémisme. Dans le premier cas, les corrompus auront gagné. Dans le deuxième cas, les opposants seront exterminés sous prétexte de lutte contre le chaos et même de terrorisme, analyse le président du MSP. «Nous n'allons pas démissionner du travail politique quelle que soit sa difficulté et nous n'allons jamais recourir à la violence quel que soit le degré de notre colère», affirme-t-il, ajoutant qu'il continuera à dénoncer la corruption du système politique et son échec jusqu'à ce que l'opposition soit capable d'imposer le changement sans confrontation ni violence. Le congrès du 18 février sera donc une étape décisive pour l'opposition.