D'après un rapport de la Banque mondiale, il s'avère que 75% des entreprises algériennes reconnaissent verser des pots-de-vin. Le ministre de la Justice et garde des Sceaux a présidé, hier, au siège de son département, la réunion du groupe de travail chargé d'établir un rapport et de soumettre des propositions afin d'élaborer le projet de loi relatif à la prévention et la lutte contre la corruption ainsi que l'établissement des mécanismes adéquats. C'est le président de la République en personne qui avait donné ordre, lors de l'ouverture de l'année judiciaire 2004-2005 que l'on se penche sérieusement sur le problème de la corruption qui a tendance à devenir une «culture» au sein de la société depuis quelques années. Si le phénomène de la corruption n'est pas propre à l'Algérie, il n'en demeure que notre pays est classé parmi les mauvais sujets. D'après un rapport de la Banque mondiale, il s'avère que 75% des entreprises algériennes reconnaissent verser des pots-de-vin. Selon l'organisation non gouvernementale (ONG) Transparency International, l'Algérie est classée à la 46e place sur les 146 pays figurant sur sa liste en 2004. Conformément aux orientations du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, le groupe de travail installé le 14 octobre dernier, soit quatre jours après l'allocution du chef de l'Etat, présentera au terme de la séance le rapport final. Il faut rappeler que la corruption touche en premier lieu, d'après les experts, les marchés publics, ce qui occasionne inexorablement des pertes importantes de fonds publics dont ont besoin les pays, particulièrement ceux en voie de développement à l'instar de notre pays. Les exemples sont légion en Algérie. Combien de « tâcherons » moyennant des dessous de table ont réussi à décrocher des marchés très juteux et qu'ils abandonneront en milieu de chemin faute d'expérience. Ce n'est un secret pour personne, de hauts responsables à tous les niveaux ont, durant des années, menés, grâce aux «pots-de-vin» un train de vie de «pacha». La situation était tellement dramatique que feu Mohamed Boudiaf avait trouvé un nom à ces gens-là: «La mafia politico-financière.» Malheureusement, l'ancien président du Haut Comité d'Etat n'a pas eu le temps de concrétiser son projet de venir à bout de la corruption. Néanmoins, il réussira en ce temps-là à semer une véritable psychose aussi bien au sein des corrupteurs que celui des corrompus, dont l'honneur se mesure juste au nombre de liasses de billets de banque. Sinon, comment expliquer que l'Algérie qui passe pour être un pays riche, grâce à son pétrole est frappée de pauvreté à l'instar des pays subsahariens. Près de la moitié des Algériens sont pauvres et près du quart de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté avait indiqué le dernier rapport du Cnes. Il est clair que la corruption existera toujours, mais la promulgation de nouvelles lois et de sévères sanctions contre les corrupteurs et les corrompus feront peut-être réfléchir plus d'un, notamment au sein des institutions de l'Etat. En tout état de cause, les propositions que doit soumettre le département de la justice au président Bouteflika devraient servir de base au projet de loi pour lutter concrètement contre ce «fléau». Il faut noter que le président de la République, lors de son discours devant les magistrats, avait appelé à une mobilisation aussi bien de la part des pouvoirs publics que de la société civile pour lutter contre ce «phénomène» pour conférer tout son sens au concept d'Etat de droit.