Il n'est pas dans les habitudes de l'Ugta de chercher à faire tomber un quelconque gestionnaire. Le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi-Saïd, dans une déclaration qu'il nous a faite hier au siège de la Centrale, a tenu à démentir catégoriquement les déclarations qui lui ont été prêtées par certains médias à propos de sa volonté, toute supposée, de renverser le P-DG d'Air Algérie. «Je n'ai jamais demandé la tête du P-DG d'Air Algérie », M. Tayeb Benouis. Visiblement indigné que de pareils propos lui aient été prêtés sur la base de l'interprétation quelque peu fantaisiste d'une déclaration sur laquelle nous reviendrons plus loin, Sidi-Saïd poursuit pour dire qu'«il n'a jamais été dans le genre de l'Ugta de demander la tête d'un quelconque gestionnaire». Il est en effet évident que dans la tradition des luttes syndicales, il s'agit d'une demande pour le moins «anecdotique» qui n'aurait jamais pu émaner de la Centrale, à un moment où Sidi-Saïd a, au contraire, entrepris un grand travail de fond visant à faire renouer ses troupes avec le vrai travail de terrain. C'est dans ce cadre que la dernière rencontre qu'il avait eue avec les secrétaires généraux des fédérations, au mois de novembre dernier, lui avait servi à demander à chacun de retourner vers sa base afin de convoquer des assemblées générales et de dégager des positions démocratiques, consensuelles et viables concernant le vaste plan de privatisation entrepris par le gouvernement. De même, la Centrale ne se contente plus de revendiquer des hausses salariales ou bien de refuser qu'une telle entreprise ne soit pas fermée, ou bien privatisée. L'Ugta apporte toujours à l'appui de ses positions des contre-propositions scientifiquement, pour ne pas dire économiquement, imparables, basées sur des études faites par des experts, et prenant très souvent en ligne de compte le très subtil équilibre entre les équilibres financiers de l'Etat d'un côté et les besoins les plus incompressibles des travailleurs et couches défavorisées de l'autre. Pour revenir à l'affaire d'Air Algérie, si tant est qu'il en s'agisse d'une, Sidi-Saïd précise simplement que la «Centrale Ugta a revendiqué de la transparence concernant le projet d'ouverture du capital de cette compagnie aérienne». Il est vrai que des frictions sont apparues entre la direction d'Air Algérie et le syndicat Ugta depuis que la rumeur a commencé à courir sur le sujet au moment où tout le monde sait que le syndicat est partie prenante du conseil d'administration et que, partant de ce constat, il a un accès direct à l'ensemble des données et projections concernant ce projet. La problématique liée à une éventuelle compression d'effectifs, dont a également fait état la presse, citant le communiqué du syndicat d'entreprise, est elle aussi en débat et n'a jamais fait l'objet d'une quelconque décision ferme. En un mot comme en mille, si l'on excepte la manipulation et autres interprétations bien souvent fantaisistes des déclarations faites par-ci par-là, il convient de dire qu'il n'y a pas péril en la demeure et que la compagnie Air Algérie, qui se porte bien, a toutes les chances de bien négocier sa reconversion. Mais, dans tous les cas de figure, il est d'ores et déjà établi que la tête de ce responsable ne fait pas partie des revendications d'un Sidi-Saïd qui, pour le moment, a bien d'autres préoccupations en...tête.