La centrale syndicale est plus que jamais décidée à défendre ses hommes. Son secrétariat national, qui a tenu une réunion marathon avant-hier, a retenu le principe de plaider la cause de Mohamed Badaoui, secrétaire général du Syndicat des douanes, suspendu dernièrement par la direction, au plus haut niveau du gouvernement. Une source autorisée de l'UGTA confiait, hier, qu'« il n'est pas question de se taire sur la suspension du syndicaliste » et que, de toute façon, celle-ci « sera levée ». Notre source ajoute que Mohamed Badaoui a été reçu par le secrétariat national jusqu'à « une heure tardive de la nuit » et que Sidi Saïd l'a assuré du soutien indéfectible de l'UGTA dans son bras de fer avec la Direction général des douanes. « M. Badaoui est non seulement un syndicaliste que nous devons défendre, mais plus encore, un cadre de notre structure, puisqu'il est membre de la CEN », déclare l'un des bras droits de Sidi Saïd. Notre interlocuteur ne comprend pas la décision « hâtive » de la DG des douanes qui aurait pu, selon lui, prendre attache avec la direction de l'UGTA pour examiner ensemble cette affaire. « De toute façon, cette histoire sera réglée et M. Badaoui recouvrera ses droits », assure notre source, démentant au passage que le syndicaliste, prétendument « commissaire divisionnaire », selon les termes de la suspension, exerce un quelconque poste au sein des Douanes. « M. Badaoui est détaché en tant que syndicaliste depuis longtemps et n'exerce aucun poste au sein des Douanes, contrairement à ce qui a été déclaré par l'administration de Sid Ali Lebib », affirme un membre du secrétariat national de l'UGTA. Les dirigeants de la centrale syndicale ont décidé de faire corps contre cette « bêtise » qui sera levée prochainement. Mohamed Badaoui, qui a été écouté par ses pairs de la direction nationale, s'est engagé, en contrepartie, de surseoir au rassemblement qui devait être organisé hier par les travailleurs du port d'Alger. Sur instruction de Sidi Saïd, le Syndicat des douanes, de l'EPAL et les travailleurs ont vaqué, hier, normalement à leurs tâches après qu'ils eurent été rassurés sur le cas de M. Badaoui. Aussi, le patron de l'UGTA, qui vient de rentrer de Genève, où il avait assisté à une réunion du Bureau international du travail (BIT), s'emploie à désamorcer la grève annoncée pour le 5 décembre, « qui tombe très mal avec la maladie du Président ». Après avoir réussi à éteindre le feu au port, Sidi Saïd, qui n'ignore pas que la flamme de la protesta est allumée par certains de ses proches collaborateurs, est déterminé à reprendre les choses en main et isolant ainsi les « frondeurs ». Sur le plan revendicatif, l'état-major de l'UGTA a, comme il fallait s'y attendre, passé en revue toutes les questions qui se posent dans le monde du travail. A commencer par l'histoire de l'augmentation du SMIG. Sur cette question, notre source confirme le « contact permanent » entre Sidi Saïd et le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. « Vous savez, après une participation à la réunion du BIT, il est évident que le secrétaire général discute avec le chef du gouvernement », explique-t-il. Et au sujet d'une éventuelle augmentation des salaires, notre source soutient que la dernière réaction du DG du FMI « apporte de l'eau au moulin de l'UGTA ». Il faut rappeler que ce dernier, dans une lettre adressée à Sidi Saïd, a estimé que « le gouvernement pouvait concéder quelque chose sur le plan des salaires » vu l'aisance financière du pays. « Nous allons batailler pour obtenir la suppression de l'article 87 bis au sein de la tripartite et même au niveau de l'APN », déclare notre source, précisant que les groupes de travail « avancent très bien » sur cette question. Précisément, le secrétariat national de l'UGTA envisage de réunir la CEN vers la fin décembre pour préparer la tripartite. Quant au congrès, qui fait déjà saliver certains prétendants à la succession de Sidi Saïd, notre source confie qu'il se tiendrait vers le mois de juin. A moins que l'on ne veuille le faire coïncider avec les festivités commémoratives du 50e anniversaire de la création de l'UGTA. D'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts...