Moulay Salah La cour de Bouira s'est prononcée jeudi dernier dans le procès en appel qui oppose le gérant et fondateur de la Sarl «El Waâd Essadek» à la société Cima-Motors. Condamné à 5 années d'emprisonnement ferme par le tribunal correctionnel de Sour El Ghozlane pour le délit d'émission d'un chèque sans provision au profit de concessionnaire automobile, le parquet a introduit un pourvoi en cassation. La cour a abouti à la condamnation du principal accusé et a prononcé 4 années d'emprisonnement ferme en plus d'une amende de 10 millions de dinars et un dédommagement de 20 millions de dinars. Précisons que ce procès est le second où Moulay Salah a écopé d'une condamnation de 10 ans d'emprisonnement. Le 3 mars prochain il reviendra à la barre pour une autre affaire l'opposant à M.Tahkout et M.Harichène. Créée en septembre 2013, la Sarl «El Waâd Essadek» défiera toute logique et règle commerciale. Du jour au lendemain, Moulay et ses associés ont brassé des milliards au quotidien. Ils achetaient des voitures, des lots de terrains, des appartements. Basé sur un système triangulaire où le vendeur et l'acheteur établissent les papiers conformes alors que le paiement se fait chez le gestionnaire de la Sarl. On assistera à une fièvre de l'achat et de la vente. Quelquefois le vendeur rachète son véhicule et le revend deux à trois fois. L'information fait le tour du pays et Sour El Ghozlane devient vite une destination pour tout le monde. Malins, les «Waâdistes» s'arrangent pour être fidèles à l'engagement de payer au bout de 45 jours, ce délai passe vite à 60 jours pour enfin devenir une date incertaine... La descente aux abîmes a débuté pour le fondateur et principal gestionnaire de la Sarl au mois de mai dernier quand son entreprise avait été déclarée en faillite quand les autorités ont osé fermer le siège sis dans la commune de Sour El Ghozlane. La raison essentielle évoquée à ce moment était l'incapacité de la Sarl à rémunérer ses «rabatteurs «qui au temps de l'embellie empochaient entre 35.000 à 50.000 DA par mois. Porsche Carrera ou l'Infinity... Le marché qui par le passé récent était inondé de voitures de toutes marques dont certaines sont des pièces de collection à l'image de la Porsche Carrera ou de l'Infinity, s'est vite vidé pour ne laisser place qu'à des victimes épiant la moindre information. Le principal responsable était recherché partout et la rumeur l'annoncera en Turquie, aux îles Baléares... la pression que générera cette situation poussera l'autorité publique à réagir et l'affaire devient nationale et plusieurs instances se mêleront au dossier. Dans le secteur de l'immobilier, l'affaire qui mettra la puce à l'oreille sera cette arnaque, la plus retentissante, qui opposera Salah Moulay au dénommé A.O., propriétaire d'une villa de 250 m2. Il a vendu par procuration ladite villa à la Sarl «El Waâd Essadek», pour une somme avoisinant les 40 milliards de centimes «mais l'ex-propriétaire n'a pas touché un centime. Deux faits attireront l'attention, concernant le coût excessif puisque selon les experts cette villa vaudrait entre 25 et 30 milliards de centimes. Le fait le plus retentissant est qu'au moment de la transaction, le propriétaire était absent, puisqu'il avait mandaté M. Salah Moulay. Il y a lieu de préciser que les appartements de cette villa possèdent, chacun, son propre livret foncier. Donc, par la suite, elle a été revendue, pour ainsi dire, «en vrac». C'est Amara Benyounès, alors ministre du Commerce qui annoncera l'intéressement des pouvoirs publics au dossier et une enquête sera alors ouverte. Le retard dans la réaction laissera le terrain propice à diverses versions. Pour bon nombre, il s'agit d'un blanchiment d'argent. Lors d'une communication, la chargée de communication auprès du département de Benyounès, qualifiera le dossier Moulay d'» extrêmement sensible» et revêt, selon les dires de notre interlocutrice, du caractère «confidentiel». D'autres sources proches du ministère du Commerce disent que les premiers éléments du dossier, qu'ils ont qualifié de «noir», convergent tous vers la thèse d'un vaste réseau de blanchiment d'argent. Tout a commencé aux impôts de Bouira Dans cette course effrénée à la richesse facile, la Sarl commettra l'erreur de sa vie. C'est en tentant d'arnaquer le fisc qu'«El Waâd Essadek» signera son arrêt de mort. Au 12 juin dernier, l'ardoise s'élevait déjà à plus de 6 milliards de dinars. Cette entreprise dont le propriétaire déclarait dans les colonnes d'un quotidien national être «un honnête citoyen», ne s'acquitte pas de ses redevances envers l'Etat. Des sources proches des services de la brigade financière de Bouira, rapportaient qu'une enquête «approfondie» avait été ouverte au mois de mai, sur des transactions immobilières douteuses. La décision de recourir à une saisie conservatoire décidée par la direction des impôts de Bouira sera le point de départ de ce que les clients vivent aujourd'hui. Le fisc recourt à la réglementation qui dit ceci: «Ainsi, et pour recourir à la saisie conservatoire, le créancier (les impôts) doit justifier des circonstances susceptibles de menacer le recouvrement d'une créance justifiée. Elle peut être justifiée, par exemple, en cas de silence du débiteur (Sarl El Waâd Essadek) après demande de remboursement d'une dette. Concrètement, le fisc «bloque» toutes transactions de cette entreprise, le temps que cette dernière s'acquitte de sa dette. «De cette décision découlera la fermeture du marché. La direction du commerce en charge de l'application de la décision découvrira la mauvaise intention du côté du gérant. Le directeur du commerce déclarait en juin à la presse locale: «Pendant plusieurs semaines, nous avons essayé de rencontrer le gérant de l'entreprise, afin de lui remettre la notification de fermeture, mais en vain. Ce dernier reste, à ce jour, introuvable et ne se présente toujours pas à son bureau. La lettre en question lui a été adressée, donc, par voie de poste, comme le stipule la loi en vigueur». Toujours et selon le directeur: «M.Moulay Salah s'est engagé, au mois de janvier dernier, à régulariser sa situation vis-à-vis de la juridiction du commerce, mais aussi de ses clients. Mais depuis, et à ce jour, il fonctionne toujours avec les mêmes démarches douteuses. Pis encore, son entreprise accumule actuellement des dettes énormes qu'il n'arrive pas à régler. Du coup, de nombreux clients sont pris en otage.» Plusieurs irrégularités ont été soulevées dans notre premier rapport. À commencer par l'absence de contrats de vente et d'achat dans les transactions effectuées par cette entreprise. Chose qui n'est pas du tout normale, puisque les clients de cette entreprise ne disposent même pas d'un engagement légal, leur permettant de garantir leurs dus», dira le même responsable. La Sarl El Waâd Essadek doit répondre de ses actes devant la justice. Les clients eux sont accrochés aux décisions des juges dans les multiples procès en instance. Le 3 mars prochain, ils seront des centaines à venir assister à un feuilleton qui n'a pas encore livré toute sa vérité.