La Jordanie est en passe de devenir le deuxième pays arabe à décrocher un Oscar après l'Algérie en 1970 avec Z de Costa Gavras. Sélectionné en short-list aux Oscars 2016, avec le long métrage Theeb de Naji Abu Nowar, le film sera présenté cette semaine lors des 5e Journées du cinéma jordanien organisé par l'agence Aarc. Bien sûr, le réalisateur du film sera à Los Angeles pour les Oscars, il sera néanmoins représenté à Alger par Madame Nada Doumani, responsable de la communication de la Royal Film Commission. L'Académie des arts et sciences du cinéma à Los Angeles avait fixé son choix sur cinq films en lice pour la plus grande récompense cinématographique, dans la catégorie meilleur film étranger. Il s'agit de Mustang (France), Fils de Saul (Hongrie), Embrace of the serpent (Colombie), Theeb (Jordanie) et War (Danemark). N'ayant pas de producteur français, le film jordanien n'a pas été sélectionné pour les récompenses du film français les Césars, prévu ce vendredi juste avec la cérémonie américaine. En revanche, il était bien présent aux récompenses du cinéma britannique étant produit par un Anglais. Il faut préciser que le cinéaste jordanien Naji Abu Nowar est de nationalité britannique. Il est né à Oxford en 1981 et a fait toutes ses études à Londres. Il est issu d'une famille de militaires jordanienne, son père fut un grand combattant bédouin, ce qui l'a énormément influencé pour faire ce film. Il fut aidé dans sa noble mission par son ami, le producteur britannique Rupert Lloyd. Une oeuvre forte et passionnante qui a offert à son réalisateur, le Bafta du Meilleur nouveau scénariste, réalisateur ou producteur britannique pour Theeb lors de la cérémonie des British Academy Film Awards 2016. Le film de Naji Abu Nowar a été qualifié d'«anti-Lawrence d'Arabie» par le critique de cinéma Joseph Fahim. Theeb raconte l'histoire d'un jeune Bédouin qui entame un périlleux voyage dans le désert jordanien avec son frère Hussein, qui se termine par la mort de l'aîné. Ce film est centré sur un enfant, Theeb («loup» en arabe), qui suivait dans le désert son frère, qui servait également de guide à un autre Arabe et à un soldat britannique. Cette aventure poussera le petit Theeb à devenir adulte plus vite que prévu. La chronologie du film se déroulant à la même période que l'action du film Lawrence d'Arabie (c'est-à-dire les révoltes arabes contre les Turcs). Pour de nombreux critiques arabes, Theeb est un «eastern» du désert bédouin qui se passe dans la province du Hedjaz pendant la Première Guerre mondiale, en 1916. Mieux encore, l'histoire est racontée du coeur du Monde arabe - ce n'est pas le point de vue d'un colonisateur -précise Fahim dans ses déclarations. Ce qui le confortera pour la cérémonie des Oscars qui aura lieu le 28 février à Los Angeles. Plusieurs films arabes ont échoué ces dernières années à remporter la célèbre statuette du meilleur film étranger à Hollywood, le temple du cinéma planétaire. Après les trois échecs de Rachid Bouchareb, c'était au tour du film palestinien Omar de Hany Abou Assad d'échouer au pied du podium en 2014. La Jordanie réussira-t-elle à égaler la consécration de l'Algérie? A voir. [email protected]