Contrarié par la décision de la Cour de justice de l'UE (Cjue) qui a annulé, le 10 décembre 2015, l'accord agricole, signé en 2012 entre le Maroc et l'Union européenne, le roi a suspendu tout contact avec cette dernière. Le torchon brûle entre Rabat et Bruxelles. L'information s'est répandue comme une traînée de poudre. Le Maroc a rompu ses relations avec l'Union européenne. Contrarié par la décision de la Cour de justice de l'UE (Cjue) qui a annulé, le 10 décembre 2015, l'accord agricole, signé en 2012 entre le Maroc et l'Union européenne, le roi a suspendu tout contact avec cette dernière. L'annonce a été faite par le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, lors d'un Conseil de gouvernement qui s'est tenu le 25 février à Rabat. Le Maroc «suspend tout contact» avec l'Union européenne et rejette catégoriquement «le caractère hautement politique et contraire au droit international» de la décision de la justice européenne, et attend des explications des 28 (Etats européens, Ndlr), souligne un communiqué du ministère marocain de la Communication. Une déclaration qui indique très probablement que l'appel lancé par certains pays européens pour contester le jugement rendu par la Cjue n'a pas porté ses fruits. Les services juridiques européens ne s'étaient pas montrés très «coopératifs», a écrit sur son site le Parti de la justice et du développement d'obédience islamiste à la tête du gouvernement depuis 2011. Le Makhzen est sonné. La décision rendue par la justice européenne qui a tranché en faveur du Front Polisario, en s'appuyant sur le fait que l'application de cet accord au territoire contesté du Sahara occidental violait le droit international et les engagements de l'UE, l'a terrassé. C'est sans conteste une bataille décisive, retentissante, dorénavant juridique, qui confère au peuple du Sahara occidental d'exercer, pleinement, son droit à l'autodétermination que vient de remporter la diplomatie sahraouie au moment où le Maroc redouble d'agressivité. «Cette décision fera jurisprudence. Désormais, l'UE doit s'adresser au seul représentant du peuple sahraoui pour prétendre vouloir traiter de la question des richesses du Sahara occidental», avait déclaré, au lendemain de l'annulation de l'accord euro-marocain, le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, qui a tenu à souligner que «le Maroc ne dispose ni de souveraineté ni d'aucun droit sur les richesses naturelles du Sahara occidental». Il faut rappeler que la «saute d'humeur» marocaine intervient alors que le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies qui est attendu le mois prochain dans la région a appelé au boycott du Forum de Crans Montana prévu entre le 17 et le 22 mars à Dakhla, capitale occupée du Sahara occidental. «Le SG de l'ONU demande à tous les fonctionnaires et aux organes de l'ONU de ne pas participer au Forum de Crans Montana, a affirmé un haut fonctionnaire onusien...», avait rapporté l'APS dans une dépêche datée du 14 février. En attendant que Ban Ki-moon atterrisse, son représentant personnel a posé ses valises au Maroc. Christopher Ross a rencontré mardi dernier le ministre délégué marocain auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Nacer Bourita avant qu'il ne s'entretienne avec le chef de la diplomatie marocaine Salaheddine Mezouar, dont il est la bête noire... Les retrouvailles entre les deux hommes s'annoncent glaciales.