T rès critiqué par les ONG, l'accord agricole entre le Maroc et l'UE, qui inclut le Sahara Occidental et ses richesses, a été annulé jeudi par une décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). L'instance judiciaire européenne a statué sur cet accord et a débouté les deux parties qui ont conclu un accord illégitime sur le dos des Sahraouis. C'est le jugement qui a été rendu jeudi par la CJUE après trois années de lutte et d'explications des Sahraouis qui avaient dénoncé cet accord qui viole les résolutions de l'ONU sur ce territoire non autonome. C'est également une grande satisfaction pour tous ceux qui luttent pour que ni le Maroc, encore moins des Etats de l'UE ne bradent les richesses du peuple sahraoui, accaparées de force par le Maroc qui a occupé militairement ce territoire après une guignolesque «marche verte» qui a, en fait, consisté en une opération de «peuplement» du Sahara Occidental. Mais le jugement de la CJUE va plus loin et tance le Conseil européen qui a fait «fi» de la situation politique et militaire qui prévaut sur ce territoire. L'arrêt de la Cour de justice européenne, qui estime que «le Conseil de l'Union européenne n'a pas vérifié si l'exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental sous occupation marocaine se faisait ou non au profit de la population sahraouie», critique en fait vertement les pays européens derrière cet accord. Car, en leur rappelant que le «deal» avec la monarchie marocaine s'est fait sans consultation de la population du Sahara Occidental, il les met pratiquement hors la loi. Ici, bien sûr, il y a d'abord la France et l'Espagne qui veulent pour le premier soutenir politiquement Rabat et le second profiter de l'accord de pêche pour faire travailler ses marins pêcheurs, au chômage la moitié de l'année. Pis, la décision de la CJUE met par ailleurs au banc des accusés le Conseil européen qui n'a pas pris également en considération la position de l'ONU qui avait statué qu' «aucune activité de ce genre ne peut être engagée si elle ne répond pas à la volonté de la population du territoire». Au-delà de ce jugement, qui a en fait pris du temps, c'est toute la politique extérieure du Conseil européen qui est mise à nu. Car comment expliquer que Bruxelles signe des accords économiques de libre-échange avec des pays tiers, le Maroc en l'espèce, qui portent sur l'exploitation de richesses agricoles, minières et halieutiques du Sahara Occidental alors qu'ailleurs dans le monde elle défend le principe de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes, l'intangibilité des frontières, les droits de l'homme, etc. ? Discours à deux vitesses de l'UE ? Oui, sinon comment s'expliquer sur le forcing fait par Bruxelles pour la ratification en 2013 par le Parlement à Strasbourg de l'accord de pêche avec le Maroc ? Un accord qui a permis, moyennant la somme ridicule de 40 millions d'euros par an accordée à Rabat, à quelque 126 navires, dont 99 navires-usines espagnols, de retourner pêcher illégalement dans les eaux du Sahara Occidental. La décision de la CJUE sera très prochainement complétée par une seconde et portera sur l'annulation justement de cet accord de pêche. Nous avons été contactés hier vendredi par un responsable au parti social-démocrate suédois qui a annoncé au «Quotidien d'Oran» qu' «il y aura du nouveau» sur cet accord, dénoncé par les Sahraouis qui ont introduit un recours auprès de la CJUE.