Le siège de la Cour européenne de justice C'est une bataille décisive, retentissante, qui confère au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit à l'autodétermination. C'est une victoire par K.-O. Le Front Polisario vient de terrasser le pouvoir marocain. La Cour de justice de l'Union européenne (Cjue) a annulé, jeudi 10 décembre, l'accord agricole, signé en 2012 entre le Maroc et l'Union européenne. «De cette décision de justice, il en résulte que l'interlocuteur est bel et bien le Front Polisario, représentant authentique, unique et légitime du peuple sahraoui», a déclaré le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati. Une décision qui ne sera pas sans conséquences politiques sur le conflit du Sahara occidental annexé depuis plus de quarante ans par le Maroc. «Cette décision fera jurisprudence. Désormais, l'UE doit s'adresser au seul représentant du peuple sahraoui pour prétendre vouloir traiter de la question des richesses du Sahara occidental», a affirmé le diplomate sahraoui qui a tenu à souligner que «le Maroc ne dispose ni de souveraineté ni d'aucun droit sur les richesses naturelles du Sahara occidental». Il faut signaler que la justice européenne a tranché en faveur du Front Polisario, en s'appuyant sur le fait que l'application de cet accord au territoire contesté du Sahara occidental violait le droit international et les engagements de l'UE. Quel type de message vient à cet effet d'adresser la Cjue à l'occupant marocain? «L'UE, ses Etats membres et ses sociétés ne peuvent s'arroger le droit d'exploiter les richesses du Sahara occidental sans le consentement de sa population. Tout accord avec le Maroc à ce sujet doit être considéré comme nul et non avenu», fait observer le ministre sahraoui délégué pour l'Europe. «L'exploitation des richesses naturelles du Sahara occidental par le Maroc et quelques sociétés européennes relève du «brigandage international» qui doit cesser», a fait remarquer avec insistance Mohamed Sidati qui a plaidé pour l'annulation de l'accord de pêche et de celui de libre-échange qui lient l'UE et le Maroc. C'est sans conteste une bataille décisive, retentissante, qui confère au peuple du Sahara occidental d'exercer, pleinement, son droit à l'autodétermination que vient de remporter la diplomatie sahraouie au moment où le Maroc redouble d'agressivité. La célébration du 40ème anniversaire de l'invasion du Sahara occidental a donné l'occasion au souverain marocain et à son ministre des Affaires étrangères de bomber le torse. Hormis son projet de large autonomie, Mohammed VI ne veut rien entendre d'autre. «Comme je l'ai affirmé dans le Discours de la Marche verte de l'année dernière, cette Initiative est le maximum que le Maroc peut offrir», avait affirmé, le 6 novembre dernier, notre «ami» le roi. De son côté le chef de la diplomatie marocaine décrétait l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental persona non grata dans les territoires occupés. «Il n'a rien à faire ici bien sûr. C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», avait proclamé en plastronnant Salaheddine Mezouar dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole EFE. Christopher Ross n'a pas été lâché par le secrétaire général de l'ONU qui envisage de se rendre dans la région au mois de janvier 2016. «Il (Ban Ki-moon, ndlr) m'a demandé d'intensifier mes efforts. Et pour ajouter son propre appui au processus (de paix au Sahara occidental, ndlr), il prévoit de visiter la région dès janvier», a déclaré le diplomate américain, lors du briefing qu'il a tenu devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Le Maroc est dos au mur. La décision rendue par la Cour européenne de justice lui a rabaissé le caquet.