Le Dr Zahir Bensoltane a fait partie de la délégation algérienne qui a pris part aux Jeux olympiques d'Athènes. En sa qualité de médecin du sport, il livre pour les lecteurs de L'Expression ses observations sur un sujet fondamental qu'est la médecine du sport. L'Expression: Ne pensez-vous pas que la médecine du sport a été délaissée ces dernières années en Algérie? Dr.Zahir Bensoltane: Malheureusement c'est le cas de le dire. Après avoir été un pionnier dans le monde en la matière et que la médecine du sport s'est développée grâce à l'apport de la science, en Algérie force est de constater que l'évolution de la couverture médicale a subi l'effet inverse. A contrario de notre voisin, la Tunisie où la médecine du sport a connu un essor considérable, en Algérie il y a eu un recul. La réorientation du Centre national de médecine sportif décidée en 1986 est une grande perte pour le sport national. Il faut que les pouvoirs publics comprennent qu'on ne peut faire du sport de haut niveau sans la médecine du sport. Ce n'est que maintenant que l'on commence à s'intéresser sérieusement à la médecine du sport avec la prochaine installation d'une unité au niveau du 5 Juillet. La revalorisation de la médecine du sport permettra de détecter les cas de dopage. Ainsi on évitera à beaucoup d'athlètes les effets négatifs du dopage qui peuvent causer sa perte, sinon sa mort. Ne croyez-vous que l'absence d'une couverture médicale optimale a été la cause de la mort de certains athlètes? Tout d'abord il faut remettre les choses dans leur propre contexte. Il faut reconnaître que certaines pathologies sont indétectables en dépit des avancées qu'a connu aujourd'hui la science. En ce qui concerne la mort de certains athlètes sur un terrain qui reste leur lieu de travail, s'il y avait eu un suivi rigoureux, il est fort possible que ces tragédies seraient évitées. C'est pourquoi, nous, Médecins du sport, avons toujours milité pour la création de plusieurs centres régionaux afin de permettre à l'athlète du moins de l'élite de bénéficier d'un suivi médical en adéquation avec les charges de travail qu'il subit lors des entraînements et même pendant la compétition. D'ailleurs la mission du médecin du sport ne se limite pas à un contrôle médicale mais va plus loin puisque le médecin est tenu de suivre l'athlète même en dehors du terrain pour les questions de recommandations alimentaires, conseils d'ordre diététiques et les autres. Malheureusement en Algérie on ne donné pas trop d'importance à la médecine du sport sinon comment expliquer que des athlètes de niveau mondial ayant bénéficier d'une bourse à l'étranger ne sont pas suivis sur le plan médical et n'ont même pas dans leur staff, un médecin spécialisé qu'il soit algérien ou étranger. L'Algérie aspire-t-elle à construire un laboratoire de contrôle antidopage? Ecoutez, on tente de mettre la charrue avant les boeufs. Il faut d'abord développer la médecine du sport avant de penser à un laboratoire de contrôle antidopage. Pour le contrôle antidopage, il suffit d'équiper de moyens les structures existantes au lieu de dépenser des sommes colossales. Ainsi, le budget alloué servira au développement du sport d'élite. Lors des Jeux arabes on a bien effectué environ 552 contrôles antidopage.