La patronne de la diplomatie européenne Federica Mogherini a sèchement répondu au Maroc qui a accusé l'Union européenne de manque de transparence dans le traitement de ce dossier. La victimisation est devenue un refuge pour le Maroc dès que le vent tourne en sa défaveur. Un comportement d'enfant gâté dés lors où l'on ne cède pas à ses caprices. L'annonce fracassante de son gouvernement de rompre ses relations avec l'Union européenne illustre à bien des égards le triste spectacle qu'offre la diplomatie royale qui subit revers sur revers. Cette fois-ci, le royaume veut faire porter le chapeau à l'UE dans l'affaire de l'accord agricole (Maroc-UE) annulé par la Cour de justice européenne. Le Maroc «suspend tout contact» avec l'Union européenne et rejette catégoriquement «le caractère hautement politique et contraire au droit international» de la décision de la justice européenne, et attend des explications des 28 (Etats européens, Ndlr), avait indiqué un communiqué du ministère marocain de la Communication à l'issue d'un Conseil de gouvernement qui s'est tenu le 25 février à Rabat. Les services juridiques européens ont été accusés de ne pas s'être montrés très «coopératifs», dans la contestation du jugement rendu par la Cour de justice de l'UE (Cjue). Le démenti a été cinglant. «De nombreux contacts ont été effectués à tous les niveaux entre l'UE et le Maroc sur cette question depuis le mois de décembre, et le Maroc a été tenu pleinement informé tout au long de ce processus, dans le cadre des contraintes juridiques qui s'appliquent», a déclaré la Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères et à la sécurité. Une réplique aux assertions du gouvernement marocain qui n'a pas digéré le jugement du tribunal européen rendu, le 10 décembre 2015, dans le cadre de l'accord agricole, signé en 2012 entre le Maroc et l'Union européenne. Pas seulement. La vice-présidente de la Commission européenne, a tenu à signifier à notre voisin de l'Ouest qu'en matière de pratique diplomatique la ligne rouge a été franchie. «Notre conviction est qu'un véritable partenariat implique l'écoute, le partage, la solidarité et le respect mutuels entre partenaires», a souligné Federica Mogherini qui a sans doute été courroucée par la décision unilatérale dictée par le souverain marocain affolé par la tournure qu'est en train de prendre le dossier du Sahara occidental qui est à l'origine de cette brouille entre le Maroc et l'Union européenne. Le Front Polisario représentant légitime du peuple sahraoui avait dans une requête dénoncé cet accord qui viole le droit international et les engagements de l'UE. «L'exploitation des richesses naturelles du Sahara occidental par le Maroc et quelques sociétés européennes relève du 'brigandage international'' qui doit cesser», avait fait remarquer avec insistance le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, qui a plaidé pour l'annulation de l'accord de pêche et de celui de libre-échange qui lient l'UE et le Maroc. Justice lui a été rendue. Une victoire diplomatique et juridique qui est intervenue à quelques encablures du vote par le Conseil de sécurité (fin avril, Ndlr) d'une nouvelle résolution qui doit proroger le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental). Un capital qui peut peser lourd dans la balance...Un cauchemar pour Mohammed VI qui s'est transformé en maître chanteur pour faire du Sahara occidental la dernière colonie d'Afrique.