L'un des fondateurs du FLN «Jetez la révolution dans la rue et le peuple l'étreindra», une prospective infaillible qu'il avait semée. Un travail de recherche est en cours pour connaître davantage le parcours héroïque du martyr de la Guerre de libération nationale Mohamed Larbi Ben M'hidi. Né en 1923 à Aïn M'lila dans les Aurès et mort assassiné en 1957, Ben M'hidi, militant nationaliste algérien, membre du PPA, puis du Mtld, est l'un des fondateurs du FLN en 1954, puis combattant pendant la lutte armée pour la libération de l'Algérie. Lors de la cérémonie de clôture du Séminaire national organisé jeudi par l'université d'Oum El Bouaghi sur Ben M'hidi, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a souligné «l'importance de s'imprégner de l'itinéraire, du militantisme et du combat de ce héros (...) qui fut un patriote convaincu, un dirigeant doué et fin stratège» assassiné à l'âge de 34 ans et dont c'est le 59ème anniversaire de sa mort. Des qualités, que «l'on retrouve rarement chez une même personne, mais que Larbi Ben M'hidi avait réunies avec mérite», a appuyé le ministre, relevant que le martyr «incarnait, ainsi que l'a décrit le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'épopée d'une nation, la conscience d'une grande révolution et la quintessence d'une histoire glorieuse». «Celui qui a dit «jetez la révolution dans la rue et le peuple l'étreindra» ne pouvait qu'être doué d'une vision prospective infaillible, conjuguée à un courage qui le faisait sourire alors même qu'il était menotté, dans les geôles de ses tortionnaires», a encore indiqué Zitouni qui a présidé, dans la commune de Fkirina, une cérémonie de ré-inhumation des restes de trois martyrs Abdali Mahmoud, Atba Lazhar et Atba Abbas. Dans la matinée, M.Tayeb Zitouni avait annoncé, au douar Kouahi, lieu de naissance de Larbi Ben M'hidi, que «la demeure qui avait vu naître ce héros de la guerre de Libération nationale sera transformée en annexe du musée du Moudjahid». Sa soeur Drifa, a mené une longue enquête à Paris sur les véritables conditions de sa mort, sur l'insistance de son père, à sa mort, qui récusait formellement la thèse du suicide, prohibé par la religion musulmane et savamment orchestrée par ses tortionnaires. Drifa Ben M'hidi rapporte le témoignage du général Bigeard, colonel à l'époque des faits, qui disait en 2002: «Ce n'est pas un homme comme lui qui se suicide» rétablissant ainsi une vérité concernant ce grand héros de la révolution qualifié de «l'âme blanche de la Révolution algérienne». Lors de son exécution par pendaison par le général Paul Aussaresses, alias «Commandant O», ce héros de la révolution refusa de porter le bandeau sur les yeux pour mourir avant d'y être obligé par Aussarreses lui-même qui évoqua les ordres. En 2001, dans son livre Services spéciaux, Algérie 1955-1957, le même général reconnaît avoir procédé à l'exécution sommaire, par pendaison maquillée en suicide, de Larbi Ben M'hidi, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Le 5 mars 2007, dans un entretien au quotidien Le Monde, Aussaresses retrace les dernières heures de Ben M'hidi, amené d'Alger dans la Mitidja, dans la ferme désaffectée d'un colon extrémiste. Six hommes de main, dont Aussaresses, préparent l'exécution en lui passant une corde au cou. Au moment du crime, un parachutiste veut bander les yeux de Ben M'hidi. Celui-ci refuse. Le soldat répond qu'il exécute un ordre. Ben M'hidi réplique alors qu'il est colonel de l'ALN et qu'il sait ce que sont les ordres. Sa demande sera refusée, il sera pendu les yeux bandés. Pour ce faire, les bourreaux s'y prendront à deux fois. La première fois, la corde casse, la pendaison aurait dû, selon la morale de guerre, être évitée. Il n'en fut rien Dans le film documentaire d'Yves Boisset sur «La bataille d'Alger» (2006) le colonel Jacques Allaire, à l'époque lieutenant, qui avait arrêté Larbi Ben M'hidi en 1957, déclare à son sujet: «Si je reviens à l'impression qu'il m'a faite, à l'époque où je l'ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble (...) j'aurais aimé avoir beaucoup d'hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c'était un seigneur Ben M'hidi. Il était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais: «Vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la bataille d'Alger est perdue», et j'extrapolais un peu: «La guerre d'Algérie, vous l'avez perdue maintenant!». Il dit: «Ne croyez pas ça!» Et il me rappelait les chants de la résistance, le chant des Partisans: «Un autre prendra ma place.» Voilà ce que m'a dit Ben M'hidi. Bien que le règlement s'y oppose, je lui ai fait présenter les armes, parce qu'il faut reconnaître chez son adversaire la valeur et le courage. Et Ben M'hidi était pour moi un grand Monsieur et d'ailleurs son prénom, dans la résistance, c'était Hakim, qui veut dire: le preux.» En son honneur, Marsa Ben M'hidi, une commune de la wilaya de Tlemcen, porte son nom, de même que l'université d'Oum El Bouaghi. À l'instar de la rue Larbi Ben M'hidi, une importante artère d'Alger (anciennement rue d'Isly), chaque ville d'Algérie a une rue portant son nom, ainsi que différents établissements scolaires à travers le pays et des plages de la ville de Skikda (anciennement plages Jeanne d'Arc).