Le Parlement de Tobrouk fait durer le plaisir «Tout autre intervention militaire en Libye engendrera davantage de destruction et de pertes humaines», a ainsi réitéré le ministre des Affaires étrangères, dont la déclaration revêt une dimension particulière au moment où les informations sur la présence au sol de forces spéciales françaises, américaines et britanniques se sont multipliées. Si le vent n'est plus à l'optimisme, comme l'a relevé le représentant onusien, Martin Kobler, après son exposé au Conseil de sécurité, l'heure est, par contre, à la réaffirmation des sacro-saints principes de la politique extérieure du pays et c'est justement ce à quoi s'est consacré le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ce jeudi. «L'Algérie ne sera pas entraînée dans une aventure militaire en Libye ou ailleurs», a-t-il insisté pour dissiper tout équivoque, tout en soulignant la nécessité d'un règlement pacifique de la crise libyenne, au terme de son entretien avec son homologue angolais. A ceux qui pourraient s'étonner d'une telle insistance, il convient de rappeler que la menace d'une intervention militaire en Libye n'a jamais été aussi grande et que, surtout, certaines parties au conflit y travaillent activement dans le but de saper les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix et de la réconciliation. Avec cette mise en garde contre une éventuelle nouvelle intervention militaire internationale en Libye, Alger redit clairement son attachement à une solution politique amplement justifiée par les dégâts considérables causés à ce pays en 2011, lorsque Washington, Paris et Londres y avaient lancé une opération militaire sous mandat de l'ONU pour «soutenir» les insurgés contre le régime de Mouammar al Gueddafi, avant que l'Otan ne prenne la suite des opérations sans en avoir été réellement mandatée par l'ONU. «Tout autre intervention militaire en Libye engendrera davantage de destruction et de pertes humaines», a ainsi réitéré le ministre des Affaires étrangères, dont la déclaration revêt une dimension particulière au moment où les informations sur la présence au sol de forces spéciales françaises, américaines et britanniques se sont multipliées ces deux dernières semaines. «Les aventures militaires n'ont aucune chance d'aboutir au règlement de ce problème, ni dans l'immédiat ni à long terme. L'Algérie respecte le droit de la Libye d'instaurer le régime qu'elle juge adéquat pour son peuple», a ajouté Ramtane Lamamra, à l'heure où tous les regards sont braqués sur Tobrouk où doit être validée la seconde proposition de Fayez al Serraj pour un gouvernement d'union nationale qui tarde à voir le jour. Illustration du contexte: cinq «terroristes» ont été tués mercredi soir, lors d'affrontements avec des forces militaires dans la région de Ben Guerdane, au sud de la Tunisie, près de la frontière libyenne. Selon le Premier ministre tunisien Habib Essid, cette opération a permis de déjouer des actions terroristes envisagées par des groupes infiltrés dans le pays peu après le raid américain sur Sabrata. C'est le moment qu'a choisi le Conseil des ministres de l'Intérieur des pays arabes pour décider de considérer le Hezbollah libanais comme une organisation terroriste, confirmant la dérive observée depuis des mois sur la question syrienne et yéménite. Là encore, l'Algérie a exprimé sa variante singulière par le biais d'un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «Le Hezbollah, estime Alger, est un mouvement politico-militaire qui fait partie du paysage social et politique du Liban et qui participe aux équilibres fragiles patiemment et laborieusement négociés dans ce pays, notamment en vertu des Accords de Taëf auxquels il a été partie prenante», a souligné le communiqué où on peut lire en outre que «l'Algérie, pour qui la non-immixtion dans les affaires internes des autres pays est l'un des principes directeurs de sa politique étrangère, s'interdit toute interférence dans ce dossier et refuse de s'exprimer en lieu et place des Libanais dans une affaire qui les concerne d'une manière exclusive», tout en appelant le Hezbollah à respecter le devoir de non-ingérence «dans les affaires des autres» et de «déstabilisation de leur environnement». On le voit, la scène arabe est dans une triste situation et certains s'évertuent à en aggraver les tensions sinon les dérives, sous prétexte de défendre des intérêts qui vont bien souvent à l'encontre des propres intérêts de leur peuple. C'est cette politique qui place l'ensemble des pays arabes et musulmans dans un rôle contemplatif, et plus ou moins supplétif des coalitions qui frappent des pays membres de la Oumma, et qui permet au sionisme et à Israël de surenchérir dans l'arrogance et l'exaction continue contre le peuple palestinien martyr dont les cris ne sont plus entendus nulle part au sein de la «nation» arabe.