La succession à Yasser Arafat constituerait un véritable casse-tête chinois pour l'autorité palestinienne. Pourquoi ne veut-on pas annoncer la mort du leader Palestinien, Yasser Arafat ? Pourquoi tant de terminologie médicale (mort cérébrale, coma profond, coma irréversible...). Pour rassurer l'opinion publique à l'intérieur et à l'extérieur des territoires occupés? L'explication est toute simple: il s'agit en premier lieu de donner assez de temps aux responsables de l'OLP d'organiser les obsèques du «vieux» de sorte à éviter tout débordement et surtout à régler l'épineux problème de la succession. Car annoncer la mort du président de l'autorité palestinienne dans une atmosphère empreinte de menaces et de désinformation israéliennes, plongerait la région dans une autre spirale de violence. D'autant plus que les autorités israéliennes refusent que Yasser Arafat soit enterré sur l'Esplanade des mosquées, l'un des souhaits les plus chers du président de l'autorité palestinienne. Un enterrement à Jérusalem, estime le conseil national israélien, transformerait la sépulture de Arafat «en haut-lieu de pèlerinage». Cette décision, si elle venait à être mise à exécution, ne manquerait pas de mettre le feu aux poudres. Par ailleurs, la succession à Yasser Arafat constituerait un véritable casse-tête chinois pour l'autorité Palestinienne. Les luttes de leadership entre les différents courants politiques donneront du fil à retordre aux deux hommes forts de l'heure, à savoir Abou Mazen et Ahmed Qoreï. C'est justement entre ces personnalités que doit s'articuler la succession. Les tractations non stop autour de l'après-Arafat est aux yeux des observateurs l'autre facteur qui justifie le cafouillage autour de l'état de santé du chef de l'OLP. Cependant, les premiers pronostics, donnent l'ex-Premier ministre Mahmoud Abbas, cofondateur du mouvement Fatah, comme le successeur de Yasser Arafat. Avec le départ de ce dernier pour Paris, c'est Abou Mazen qui a présidé les réunions du Comité exécutif de l'OLP, dont il est le secrétaire général depuis 1996. Ce titre en fait le numéro deux après Arafat. Il assiste, par cette fonction, à toutes les réunions politiques tenues à Ramallah en Cisjordanie en l'absence du chef de l'OLP. Abou Mazen a été, rappelons-le, l'un des principaux architectes des accords d'Oslo de 1993. C'est aussi lui qui était parvenu à convaincre Yasser Arafat que le règlement du conflit doit passer par la négociation, au lieu de la confrontation armée avec israël. De son côté, Ahmed Qoreï, l'actuel Premier ministre, constitue un sérieux rival à Mahmoud Abbas, puisqu'il compte rencontrer les mouvements islamistes à Gaza pour examiner la situation à la suite de la détérioration de la santé du dirigeant palestinien, Yasser Arafat. Ahmed Qoreï, 67 ans, qui assure l'intérim de la présidence de l'Autorité palestinienne depuis l'hospitalisation de Yasser Arafat à Paris, est lui aussi l'un des acteurs principaux des accords d'Oslo. Pour ses proches, il est aussi «l'homme des missions difficiles», auquel M.Arafat a confié à maintes reprises la direction de délicates négociations avec les Israéliens. La question de la succession est donc ouverte. Elle doit prendre en ligne de compte aussi bien les rivalités au sein de l'OLP que l'ambition des mouvements islamistes de s'approprier un jour le pouvoir.