Les tenants d'un islam guerrier et rétrograde maintiennent une certaine pression dans le milieu de la jeunesse Le gouvernement est entré dans une phase active où le débat religieux n'est plus admis avec ceux qui appellent au meurtre. Considérée comme un modèle dans le processus de déradicalisation, l'Algérie prône un discours offensif contre le discours islamiste extrémiste. Le ministre des Affaires religieuses qui a eu à s'exprimer à de multiples occasions sur le sujet traduit en fait la politique du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme dans son flanc idéologique. Sur la question, il n'y a pour ainsi dire aucune équivoque sur la détermination de l'Etat à défendre sans complexe aucun un islam tolérant, ouvert sur le monde et en adéquation avec les lois modernes qui régissent la vie de toutes les sociétés dans le monde. Cet islam là, le ministre des Affaires religieuses l'a défini et il n'est pas allé trop loin pour le trouver. Il n'a fait que défendre la vision algérienne séculaire de cette religion. Les Algériens qui ont embrassé l'islam à son arrivée dans la région, l'ont vécu comme un enrichissement cultuel et culturel. Il a permis à tout le Maghreb de rayonner sur des dizaines de dynasties autochtones qui ont adopté officiellement cette religion et ont profondément contribué à son rayonnement. Il n'était pas vraiment difficile pour convaincre les Algériens du bien-fondé du discours officiel sur l'islam pour la simple raison que cette approche faisait partie du quotidien de la société, avant l'émergence du courant salafiste en Algérie, au début des années 80 du siècle dernier. Les conséquences sur le pays de la déviance religieuse conduite par un groupe d'illuminés sont connues du monde entier. Premier pays à connaître l'expression violente du salafisme, l'Algérie est certes quelque part vaccinée, mais il se trouve néanmoins que les tenants d'un islam guerrier et rétrograde maintiennent une certaine pression dans le milieu de la jeunesse et c'est toute la lutte que mène le gouvernement. Il s'agit de débusquer ces énergumènes, en développant l'islam profond, celui de la paix et de la tolérance. Même si les wahhabites sont bien mieux outillés que l'Algérie à travers les centaines de chaînes satellitaires qui arrosent le Maghreb, les avancées du discours du gouvernement sont réelles. Mais la menace est tout aussi réelle et recommande de la part des autorités du pays d'adopter une posture très ferme face aux fetwas qui viennent de l'Orient. Cela dit, la guerre est menée prioritairement en Algérie et c'est la République qui s'en charge. On en a eu une parfaite illustration dans le procès de Hamadèche, dont le procureur a requis une peine de prison et une forte amende. Quelle que soit l'issue du procès, cet intégriste qui prétend disposer d'un savoir religieux étendu, est ramené à sa condition d'accusé dans une affaire judiciaire Et c'est la justice de la République, non pas sa «chariaâ», qui aura le dernier mot dans l'affaire qui l'oppose à l'écrivain Kamel Daoud, lequel a reçu le soutien du ministre des Affaires religieuses après que Hamadèche ait demandé sa condamnation à mort pour apostasie. Cet épisode, ajouté à l'interdiction d'entrée au territoire national d'imams notoirement connus apparentés à la mouvance wahhabite, pour leur radicalisme, donne autant de signaux forts de la part de l'Algérie sur sa détermination à combattre par l'acte et la parole, les interprétations rétrogrades de l'islam. En fait, le gouvernement est entré dans une phase active où le débat religieux n'est plus admis avec ceux qui appellent au meurtre. L'Algérie assume désormais la posture d'un Etat en guerre contre le wahhabisme. Une guerre qui devra nécessairement aboutir à la défaite de la pensée wahhabite qui ne tient que par ses pétrodollars. L'affrontement n'est, pour l'heure, pas politique, mais l'Algérie affiche son intention de ne pas en rester à la simple défense du territoire national. En tant que nation islamique, elle ambitionne également de défendre une religion qui risque, si rien n'est fait, de se transformer en un grand chaos qui tirera toute la région arabo-islamique.