La dame voulait se débarrasser des beaux-frères. Elle a incité à incendier le home. A la barre, elle était absente... Voilà une mère de famille qui en a eu marre de vivre avec ses beaux-frères dans le même domicile familial. Elle avait une folle envie de ne plus vivre en «communauté familiale». Une folle envie qui lui a procuré une folle idée avec un tout aussi fou scénario digne de Hollywood dans les années 1930/1940 avec des acteurs de série B pour clore le tout. Oui, son idée est allée droit vers la criminelle si les choses s'étaient déroulées comme elle avait prévu. Elle a décidé ni plus ni moins que d'incendier la maison familiale, de laisser les décombres et de changer d'air seule avec ses enfants et leur papa. Incendier sa propre demeure! Un comble au moment où les familles courent dans tous les sens pour obtenir un nid. Elle planifia donc le crime qui n'ira pas loin, car les «ados», rémunérés pour mettre le feu, ont vite changé d'avis. Un de ses enfants, 17 ans, était parmi les «incendiaires» présumés. Heureusement pour tout le monde, les jeunes payés avaient changé d'avis une fois sur les lieux. Et au lieu de tout brûler, ils allaient tout voler et calculer le gain facile, une fois le butin réuni et partagé. C'était sans oublier la volonté d'Allah et le fameux adage: «Bien mal acquis, ne profite jamais.» Pis encore, une fois pris, les jeunes allaient faire connaissance avec la détention préventive, même courte avant de comparaître devant le terrible président de la section correctionnelle de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger): Abdelhamid Bourezg, connu pour sa droiture, sa rigidité en appliquant la loi, sa probité, Bourezg qui a «traîné la savate» à El Harrach et Bab El Oued, n'est pas né des récentes pluies. Il est plus que sévère, redoutable! D'autant plus redoutable que les trois inculpés ne sont autres que le cadet et deux neveux de madame la commanditaire. Et lorsqu'à 11h20, Bourezg appela les inculpés, une lourde tension tomba sur l'assistance qui ignorait ce qu'allaient débiter les inculpés. La victime, une barbe blanche assez fournie, a été priée de réclamer les dommages et intérêts. Les jeunes égarés, eux, affichèrent une mine catastrophée et pour cause. La honte ayant pris le pas sur la cupidité, le vol, le méfait, les regrets... tardifs!!! Ils venaient, à la barre, de se remémorer le «marché» ou si vous voulez le «contrat» passé avec tata et maman pour mettre le feu au domicile. La criminelle quoi! Car c'est connu, mettre le feu c'est le tribunal populaire. Nouredine Kassem, le procureur, effectue les demandes, soulignons-le, incomplètes, car tous les inculpés n'étaient pas à la barre. Il manquait outre la dame par qui le scandale était arrivé, deux autres jeunes qui ont dû paniquer à la seule idée d'avoir en face un juge nommé Bourezg et derrière un dur à cuire de la Dgsn prêt à les prendre par le cou pour les embarquer dans le fourgon, direction les «Quatre Hectares». Maître Akila-Drif pour les inculpés, entamera sa plaidoirie par un bref rappel des faits que la dame avait créés de toutes pièces. «Le comble c'est que les faits se sont déroulés le jour de l'Aïd El Kebir donc le domicile étant désert», avait lancé l'avocate qui a tenu à regretter que les inculpés et les victimes soient d'une même famille. Des membres d'une même famille qui ont opéré au grand jour, sans effraction, ni dégâts pour rentrer. Il faut aussi rappeler que madame la cupide, envieuse comme jamais, n'a pas trouvé un autre moyen pacifique, souple, élégant de se séparer du reste de la famille. Non, elle a, sans calculer son coup, choisi la criminelle au cas où l'incendie avait eu lieu. Pourtant, nos téléspectateurs le savent, le crime ne paie jamais surtout qu'il n'existe pas de crime parfait, même s'il y a eu dans le passé de parfaits criminels. Allah n'a pas voulu que Satan l'emporte sur des ados, à la limite, victimes d'une femme diabolique. Et quand bien même il y avait trois absents à la barre, les procès-verbaux eux, y étaient. Et le juge les a très bien parcourus... et de haut en bas, de long en large sans omettre une seule ponctuation. Les aveux déballés par les jeunes qui ont été pris en flagrant délipar la vigilance d'un des oncles du fils de la commanditaire du crime, qui avait eu la lumineuse idée d'installer une caméra face à la porte d'entrée de sa chambre à coucher. Le reste est facile à deviner. Quand l'un d'eux s'était introduit dans la chambre. Qui l'y a rejoint, qui a pris quoi? Toutes les scènes étaient filmées. On se croirait dans un film yankee des années 1940-1950 et en noir et blanc, SVP et tant qu'à faire avec George Raft, Edouard G. Robinson et autres Spencer Tracy. Edifiant! Une chose est certaine, Noureddine Kassem, le discret procureur de l'audience a «délégué» le plus gros de l'interrogatoire au président à la hauteur de sa tâche. Une tâche qu'il honore tous les mercredis, même les plus gris; celui-là était même orageux et pluvieux. Abdelhamid Bourezg, pour ne pas changer, pratique son système qu'il adore: poser des questions, reposer la même question quatre minutes plus tard. Résultat: il obtient ce qu'il veut comme il le veut. Gagner du temps et ne pas trop s'éreinter à trop répéter. Maître Drif, de son côté, avait très bien plaidé en regrettant que «madame» n'ait pas eu la dose de courage suffisante pour venir rendre des comptes et expliquer le pourquoi de la mouche qui l'a piquée. Entre-temps, l'inculpée ne cessait de s'interroger en fixant Haddouche, pourquoi ces lourdes demandes de deux mois d'emprisonnement. Mais Karima, en parquetière réservée, a refusé de rendre le même regard. Avant de passer à un autre dossier, Nadia Mamèche balança son plus beau sourire en direction de Maître Akila Teldja-Drif avant d'annoncer la date du verdict mis en examen, histoire de ne pas trop brusquer les voisins autour de ce malheureux incident que seule la voisine aurait pu éviter...