En marge des festivités de la Journée internationale de la femme, la direction de la télévision publique algérienne a organisé un intéressant atelier sur l'image de la femme dans l'audiovisuel algérien. Une action qui aurait pu être intelligemment médiatisée si elle avait été ouverte à la presse et surtout organisée dans un espace public accessible. Or, l'atelier en question a été organisé au niveau de la télévision, sans la presse nationale et étrangère et avec des intervenants triés sur le volet. Dès lors, comment veut-on améliorer le traitement de l'image de la femme si on confine un sujet aussi sensible dans une salle, au 5e étage de l'Eptv, avec comme seule retombée médiatique: un sujet au 20h et une dépêche APS? Au moment même où le CSA français révélait que la femme n'est pas bien représentée dans le paysage audiovisuel français, la direction des relations extérieures de l'Eptv, donne la parole à une journaliste française, Monique Perrot-Lanaud, pour nous donner des leçons de communication sur le sujet. Sans préjuger de ses capacités d'expertise sur la présence de la femme dans le paysage français, on peut délibérément affirmer qu'elle n'a aucune idée sur la présence, voire la place de la femme dans le paysage audiovisuel algérien. En effet, si on regarde seulement la télévision publique algérienne, on découvre que la femme est plus présente dans le Journal télévisé de 20h que dans la télévision publique française, avec Farida Belkacem, Amina Nadir, Salima Rekhroukh, Wahiba Amari. En outre, la femme algérienne est également énormément présente dans la production, puisque nous avons en 2016, moins de 10 productrices: Samira Hadj Djinali, productrice et présidente du Rafa (Réseau des femmes d'affaires algériennes), Baya El Hachemi (Première journaliste algérienne), Meriem Hamidat, Fatima Ouazane (scénariste et productrice algérienne), Aïda Kabouya, sans omettre Yamina et Yasmine Chouikh, Amina Haddad ou encore Nadia Cherabi avant qu'elle ne soit nommée ministre de la Culture. Faut-il préciser encore que d'autres productrices nouvellement arrivées dans le paysage audiovisuel algérien sont présentes dans le programme du Ramadhan 2016? C'est dans ce contexte que le directeur de la production à l'Eptv, Lyès Belaribi, a décidé d'introduire dans les contrats de production, une clause recommandant aux producteurs exécutifs de veiller à ce que le traitement de l'image et la place de la femme soient «conformes» à l'esprit de la Constitution. En fait, une action qui devrait être généralisée à toutes, pas seulement aux productrices invitées à cet atelier organisé par l'Eptv. Car même si la femme algérienne occupe des places avantageuses dans la présentation et la production, elle reste presque absente à l'écran. Pour preuve, la femme algérienne n'a souvent pas le bon rôle dans les fictions et les reportages de l'Eptv. Mis à part le documentaire de Meriem Hamidat, qui dresse le portrait émouvant de 50 moudjahidate, aucune fiction mettant en vedette la femme algérienne dans son combat ou son héroïsme ne constitue une évidence, même quand elle est sujet de la production, comme c'est le cas de Fadhma N'soumer. Au lieu de mettre une clause dans un contrat qui ne sera à coup sûr jamais respecté, il vaut mieux lancer comme le ministère des Moudjahidine, des thèmes sur des sujets qui mettent en valeur la femme algérienne: des films sur Hassiba Benbouali, Djamila Bouhired, Hassiba Boulmerka, Djamila Boubaha, ou encore diffuser le film Rachida, un film multiprimé sur le combat des femmes face au terrorisme, qui n'a jamais été diffusé par la télévision algérienne, alors qu'il l'a été sur Nessma TV et sur la 2M. [email protected]