Parcours - Meriem Hamidat est une scénariste algéro-française. Elle a coécrit avec la réalisatrice Françoise Charpiat, le film Cheba Louisa à l'affiche au Cosmos à Riad el-feth. «Je suis scénariste depuis près de 15 ans. J'écris des scénarios pour la télévision, mais aussi des longs métrages pour le cinéma qui n'ont jamais été réalisés. Cette fois, j'ai réussi à faire mon premier long métrage de fiction avec la réalisatrice Françoise Charpiat pour le film Cheba Louisa», dit-elle. Outre le thème central, celui d'une Française d'origine algérienne qui s'est adaptée à la société française et en fait partie, ‘Cheba Louisa' aborde un autre sujet, celui des cabarets maghrébins. Un sujet tabou, d'où la question : «Comment avez-vous eu le courage d'évoquer ce sujet sans tomber dans les préjugés ?» «En France, nous n'avons pas le même rapport que l'Algérie, avec les cabarets. Ce n'est pas du tout le même univers», souligne Meriem Hamidat, et de rappeler : «L'histoire des cabarets en France a commencé au début des années 1940. Et cela a continué jusqu'aux années 1950 et 1960. Ils avaient une excellente réputation. Ils étaient ouverts au centre de Paris où de grands chanteurs ont pu démarrer leur carrière. La grande chanson algérienne de l'exil a commencé dans ces cabarets. Warda El-Djazaïria a chanté dans un cabaret. Le cabaret pour moi, ce n'est pas du tout, comme en Algérie, un lieu de débauche. En France les gens y vont pour chercher leurs racines, la musique qui les émeut et encore aujourd'hui, à la périphérie de Paris, ils vont écouter de la musique qu'ils ne trouvent pas ailleurs.» Meriem Hamidat est aussi auteur d'un documentaire Mémoire du 8 Mai 45, réalisé en 2007. Sur ce travail d'histoire, elle dit : «Mes parents sont originaires de Sétif, donc je connais un peu cette histoire. C'est le premier documentaire que j'ai réalisé. Pendant un mois j'étais en déplacement dans la région où se sont déroulés les événements. J'ai rencontré des personnes qui ont vécu ces massacres. J'ai pensé que c'était nécessaire de recueillir leurs témoignages vu que les éléments historiques manquaient. La plupart de ces personnes sont illettrées pour des raisons liées au colonialisme. Elles ne sont pas allées à l'école, elles ne peuvent pas écrire leur vécu alors, il ne leur reste que l'oralité pour transmettre leur histoire. Le documentaire a eu un franc succès. Il a fait plusieurs festivals et a remporté des prix. Il continue d'être diffusé. Ce mois-ci, il est programmé au Centre culturel algérien à Paris.» - A la question de savoir si elle a d'autres projets pour le cinéma, elle répondra : «Je suis en train de travailler sur le scénario d'un long métrage qui sera entièrement tourné à Alger. C'est l'histoire d'une petite fille de pieds-noirs qui va revenir à Alger. Toute sa vie, ses parents tenaient un discours contradictoire sur l'Algérie, tantôt ils l'aimaient, tantôt ils la détestaient. Donc pour elle, c'est un pays de rêves et de cauchemars, et en raison d'une promesse, elle fait le voyage en Algérie, pour le découvrir.»Interrogée sur la raison qui la motive à faire ce film, Meriem Hamidat dira : «Je suis une fille de France et d'Algérie. Pour mon documentaire Mémoires du 8 mai 1945', j'ai fait le déplacement en Algérie, ça a éveillé en moi l'envie de connaître davantage mon pays et au fil de ce travail je suis devenue une vraie Algérienne.» La volonté de découvrir son pays et donc l'envie d'y rester plus longtemps l'a conduite naturellement à créer une entreprise de production. Elle collabore avec le ministère de la Culture et l'Entv. «Je suis très contente de cette collaboration, parce que je serai plus souvent présente en Algérie», confie-t-elle.