Les visites de sénateurs américains en Algérie sont assez rares. Le sénateur démocrate américain Russel Feingold repart dans son pays avec la conviction que les autorités algériennes sont conscientes des ravages de la corruption au sein des structures de l'Etat. C'est ce qu'il a d'ailleurs déclaré lors du point de presse qu'il a animé hier à l'ambassade des Etats-Unis. Se présentant lui-même comme chef de file de la lutte contre la corruption, il a estimé qu'un pays comme l'Algérie se devait de lutter contre le phénomène. «Mon expérience personnelle m'amène à affirmer que la lutte contre la corruption a beaucoup d'avantages pour l'Etat et la société. Outre qu'elle permet de rétablir les liens de confiance entre les citoyens et les gouvernants, elle est également facteur d'accroissement d'investissements dans les pays qui adoptent une politique offensive dans ce domaine», dira-t-il en substance. M.Feingold, qui a affirmé avoir eu des entretiens sur ce sujet avec le chef du gouvernement, les ministres et même les personnalités de la société civile, a constaté une prise de conscience à tous les niveaux par rapport à ce phénomène, au sens où tout le monde «a exprimé ses préoccupations sur l'ampleur du phénomène» en Algérie, a-t-il souligné. Membre de la commission des affaires étrangères au Sénat, Russel Feingold, dont c'est le premier voyage en Algérie, n'a néanmoins pas caché son «admiration pour les capacités de l'Algérie à s'imposer en leader dans différents domaines». Il a soutenu que son séjour algérois lui a permis de mieux apprécier la situation dans le pays et le considère comme «une opportunité à même de rapprocher» l'Algérie des Etats-Unis d'Amérique. Qualifiant les contacts qu'il a eus de fructueux, le sénateur démocrate a tout de même reconnu n'avoir pas rencontré de leaders de l'opposition algérienne, mais a manifesté sa disponibilité de les voir pour un prochain séjour en Algérie. Cela dit, M.Feingold a fortement insisté, dans son point de presse, sur le fait qu'en plus de la lutte antiterroriste, dont il apprécie la contribution, les questions relatives au droits de l'homme et à liberté de la presse ont été abordées avec les dirigeants algériens. A ce propos, le sénateur américain a soutenu que «la lutte antiterroriste ne doit pas être un prétexte pour la violation des droits de l'homme». L'homme est à l'aise sur la question, d'autant plus qu'il a été le seul membre du Sénat US a avoir voté contre la loi antiterroriste (Patriot act) promulguée après les attentats du 11 septembre 2001. «Cette loi donne aux services de sécurité le droit de perquisition sur un simple soupçon d'appartenance à un groupe terroriste. C'est une violation des libertés individuelles», a-t-il affirmé, tout en mettant en exergue la dynamique sociale aux Etats-Unis qui est à même de faire respecter les droits fondamentaux des citoyens. Pour ce qui concerne la politique des Etats-Unis dans la région et notamment le plan Bush de Grand Moyen-Orient (GMO), le sénateur démocrate a révélé qu'il n'y avait pas de contradictions entre démocrates et républicains sur le sujet. Et le Forum de l'avenir, organisé dans ce cadre, au Maroc «est une bonne initiative», a-t-il soutenu, tout en affirmant la nécessité pour les gouvernants américains de se rapprocher de cette partie du monde pour mieux la connaître. Il reconnaît un certain déficit dans ce domaine, mais maintient le principe d'une nécessité de réformer les systèmes politiques arabes vers plus de démocratie. Il dira que sa visite en Algérie entre justement dans cette vision. Pour ce qui concerne l'élection présidentielle palestinienne, M.Feingold la qualifie de positive et se joint à la démarche officielle américain en soutenant la création d'un Etat palestinien viable à côté d'un Etat d'Israël sécurisé.