Du haut de ses 810.000 emplois enregistrés à fin 2015, l'artisanat peut s'enorgueillir d'une place très enviable dans la dynamique de l'emploi en Algérie. Avec pas moins de 13% de croissance annuelle en ces douze dernières années, ce n'est pas peu de chose. L'artisanat, dans sa formulation traditionnelle ou d'art est en soi un élément à destination touristique. Celui-ci est, pour sa part, un débouché pour le produit artisanal. Un lien, par conséquent étroit et mutuellement profitable. Il en vivra les réussites, mais il en subira aussi les échecs. L'artisanat trouve son épanouissement dans celui du tourisme. En emplois, en production, en vente et donc en prospérité pour de larges pans de la population. La désertion de la destination algérienne, quant à elle, aura inévitablement, toujours, des conséquences néfastes sur ces métiers ancestraux. Des destins partagés et des projets communs. En plus d'être une expression culturelle plusieurs fois séculaire, l'artisanat a indéniablement un poids économique avec ses 230 milliards de dinars de production en 2015, une production en constante augmentation depuis une dizaine d'années. Il est, en cela, un partenaire à prendre sérieusement en considération, dans le développement, surtout en ces périodes annonciatrices de crise liée au recul des recettes en hydrocarbures. C'est pour cela que, comme pour le tourisme, il s'agit de mettre le produit artisanat au niveau des standards internationaux pour en renforcer l'attractivité esthétique et, par voie de conséquence l'attractivité commerciale. Beaucoup de ressources en matières premières pouvant servir bon nombre de métiers existent, mais paradoxalement, la tentation et le recours systématique à l'importation demeurent presque toujours la règle. Pourtant, l'argile, la laine, le cuir ou d'autres matériaux nécessaires pour les bijoux existent bel et bien et les pouvoirs publics ont bel et bien investi dans leur exploitation et mise à disposition des artisans. Il en est de même pour la commercialisation du produit artisanal - l'autre contrainte du secteur très souvent citée - diverses initiatives sont prises pour pallier la défection de la demande touristique internationale. Parmi elles, celles de l'organisation périodique de Salons régionaux qui permettent aux artisans d'aller à la rencontre du public, acheteur potentiel du produit artisanal, ou la création de centres artisanaux dans les wilayas, une sorte d'espace de proximité pour les artisans. Dans le même ordre d'idées, la formation est, pour sa part, un des axes sur lesquels reviennent les intervenants dans le secteur de l'artisanat, qu'ils soient artisans ou de l'administration tutélaire ou alors des organismes publics du secteur. Car, il s'agit non seulement de dispenser des connaissances à même de perpétuer les métiers, grand pan du patrimoine culturel et identitaire, mais aussi rehausser le niveau esthétique des produits artisanaux et adapter le design de façon à coller aux exigences de la consommation moderne. Et là, il faut le reconnaître, beaucoup a été fait, à l'échelle nationale ou internationale, avec notamment les fameux binômes «artistes-artisans» dont les résultats ont été plus que probants ou alors les actions de coopération engagées avec des partenaires nationaux et étrangers pour la labellisation ou la normalisation des produits et des techniques de production. Les participations aux Salons internationaux qu'ils soient spécialisés dans l'artisanat ou dédiés au tourisme, ont toujours été des tremplins remarquables pour la promotion de l'artisanat national. L'intérêt suscité et les ventes qui s'ensuivent l'attestent. Mais il reste beaucoup à faire pour que le produit artisanal algérien soit consacré à l'échelle internationale. Sa labellisation par exemple, dont le processus, du reste, est déjà en cours, la multiplication de la participation à l'échelle internationale, mais aussi une plus grande implication des artisans en se départant de tout esprit d'assistanat et en s'engageant dans la voie de l'amélioration constante du produit artisanal. C'est en cela que l'artisanat assumera son rôle de partenaire fiable du tourisme pour une mission commune, celle du développement économique national.