«Il transforme la jeunesse porteuse d'espoir en victime du désespoir.» La célébration de ce 54 ème anniversaire de la fête de la Victoire «ne se déroule pas dans des conditions normales. Elle n'intervient pas sous les meilleurs auspices et ne se déroule pas dans un contexte qui permettrait au pays de regarder l'avenir sans préoccupation, sans angoisse et sans inquiétude», a déclaré, hier, le président de Talaiou El-Hourriyet, Ali Benflis, lors d'un rassemblement de jeunes à Bouira. «Il n'y a plus que le régime politique en place pour tenter de faire croire que l'Etat national n'est pas en danger, que la nation n'est pas menacée et que la stabilité de notre société n'est pas en péril», a-t-il indiqué. «Mais en dehors du cercle étroit du régime politique en place et de toutes les clientèles qui ont attaché leur sort au sien, toutes les Algériennes et Algériens savent que le pays fait face à une impasse politique, qu'il subit une crise économique d'une gravité sans précédent et qu'il réunit tous les ingrédients d'une déstabilisation sociale dont nul ne peut prédire l'ampleur ou les retombées», a-t-il estimé. En cette occasion de célébration nationale, propice pour établir un bilan et une introspection, Ali Benflis s'interroge sur les raisons des multiples échecs enregistrés jusqu'ici: «Echec à bâtir cette République démocratique et sociale dans le cadre des principes islamiques, qui est un héritage sacré, à bâtir un Etat démocratique et moderne, à édifier un système politique dont le coeur vibrant serait la citoyenneté et la souveraineté populaire, à réaliser un système économique performant, créateur, innovateur et compétitif, à organiser une société de citoyens égaux en droits, en responsabilité et en devoirs.» Toutefois, «l'échec à répondre aux ambitions de notre jeunesse, à lui reconnaître la place centrale, à assurer la mobilisation de la jeunesse dans le cadre d'un projet national par lequel elle se sentirait concernée et où elle se sentirait une partie prenante active», constitue le plus grand échec, la plus grande faillite et le plus grand manquement, dit-il. «Toutes les nations du monde considèrent leur jeunesse comme leur bien le plus précieux, chez nous elle est considérée comme un fardeau. Dans toutes les nations du monde, la jeunesse est tranquillisée et rassurée sur l'avenir, chez nous elle fait peur et est perçue comme une menace», poursuit-il. «Chez nous notre jeunesse trouve toujours les portes closes devant tous les chantiers de l'innovation, de la rénovation et de la modernisation dans lesquels notre pays refuse de s'engager.» Benflis relève que «(...) chez nous notre jeunesse n'est rien d'autre qu'un objet de défiance et de méfiance». «Le régime politique en place préfère une jeunesse qu'il fait taire, découragée, démobilisée à une jeunesse qu'il laisse s'exprimer, qui donne libre cours à son potentiel créateur,(...). Il préfère acheter la stagnation et l'immobilisme de la jeunesse plutôt qu'investir dans sa vitalité et dans son dynamisme. Et, pire que tout, il transforme la jeunesse porteuse d'espoir en victime du désespoir», selon l'ex-chef du gouvernement.