La création de son parti intervient alors que les deux appareils du pouvoir sont menacés par une implosion. Le travail de longue haleine et des plus sérieux et constructifs relatif à la formation de l'ex-candidat à la présidentielle d'avril dernier, Ali Benflis, augure d'une place éminente sur l'échiquier politique en déficit de démocratisation, de modernisation et appelant à sa rénovation. Le coordinateur du Pôle des forces du changement, qui veut bâtir un cadre partisan digne de ce nom et large, ne peut pas espérer meilleure conjoncture. La création de la formation de l'ex- chef du gouvernement intervient au moment très favorable où de larges pans de la société aspirent plus que jamais à un véritable changement politique. L'aspiration est telle que même les députés de l'ex-parti unique frustrés, le FLN, menacent de virer à l'opposition. La crise multidimensionnelle persistante et structurelle, qui secoue le pays est un autre facteur aidant, les fondateurs de Talaiou El-Houriet à s' ancrer et à chevaucher les courants infra-politiques qui prennent forme vers le changement. Une scène politique marquée par la léthargie, le statu quo et l'immobilisme. Il intervient alors que les deux appareils du pouvoir sont minés par une crise et menacés par une implosion, des clientèles et des groupes d'intérêts mis en place en guise de médiation représentative et légitime ont déjà montré leur limite criarde et leur tendance à exacerber la crise. De même que l'adhésion massive des troupes du FLN à cette formation en voie de constitution est occultée par Benflis, il reste tout de même qu'une partie des dissidents et des déçus du parti majoritaire au Parlement, a solennellement affiché sa sympathie, voire est impliquée dans la campagne électorale et la structuration de ce nouveau parti, pas comme les autres. Si le nomadisme politique est indésirable à Talaiou El Houriet, il est patent qu'au moins six actuels membres du comité central du FLN, parmi les plus chevronnés et convertis en chantres de réforme du FLN, ont intégré ce parti. Idem pour le RND, dont certains initiateurs du mouvement de redressement du parti de Ahmed Ouyahia ont préféré prendre part à la création de cette formation après avoir rejoint le directoire de campagne de Ali Benflis pour la présidentielle du 17 avril dernier. D'anciens ministres, secrétaires d'Etat, députés issus d'autres formations politiques à l'image du FFS figurent également sur la liste des membres fondateurs du Talaiou El Houriyet qui brasse large, aussi bien parmi les notables que dans d'autres catégories sociales de toutes les régions du pays. L'action politique de Talaiou El Houriyet se situe résolument dans le cadre de l'opposition, qui doit cesser d'être un simple droit constitutionnel pour se transformer en devoir impératif et sacré dès lors que l'Etat et la Nation sont en danger. Le président de ce parti, décrit le système actuel comme arrivé à terme et empêtré dans une totale impasse. Pour l'ex-chef du gouvernement, le pouvoir est vacant, tout comme le centre de la décision nationale est déserté, le gouvernement ne gouverne plus et l'Administration publique en situation de quasi-cessation d'activités est livrée à elle-même. Dans sa contribution au règlement de la crise du régime, Benflis propose un plan comprenant trois phases: il s'agit de prime abord de l'organisation d'élections sous l'égide d'une instance indépendante. L'aménagement de la transition démocratique par les forces politiques représentatives consacrées à travers des scrutins référentiels. La constitution d'un gouvernement d'union nationale. Viendra ensuite la réunion d'une conférence nationale sur la transition démocratique en vue d'adopter «le Pacte de la transition démocratique» qui contiendra des engagements qu'assumeront toutes les forces politiques. La rédaction de la nouvelle Constitution qui sera confiée à une commission émanant du Parlement élu, assistée par toute expertise nationale requise. «Le Pacte de la transition démocratique» tout comme l'avant-projet de la Constitution du pays seront soumis au Parlement pour examen, avant qu'ils ne soient l'objet d'un processus référendaire. Dans ce plan de sortie de crise, M.Benflis estime que «l'ANP aura à en accompagner, à en suivre et à en garantir le processus de la transition démocratique».