Ouyahia, qui demeure l'homme de la situation, aura à préparer le référendum à travers lequel sera révisée la Constitution. La rumeur ne cesse d'enfler à propos de supposés désaccords de fond qui existeraient entre le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et certains de ses ministres connus pour être proches du président Bouteflika. L'objectif étant, comme de juste, de souligner la supposée «fragilité» du poste qu'occupe l'actuel responsable de l'Exécutif national. A la clé, il est suggéré, à mots à peine couverts, un «remaniement ministériel» à travers lequel serait même suggéré le départ du chef du gouvernement, un homme qui semble déranger pas mal d'intérêts et de faits accomplis. Or, des sources ministérielles recoupées et crédibles nous ont affirmé qu'«il n'a jamais été question d'un quelconque remaniement avant que ne se tienne le congrès du FLN, que ce parti se stabilise et que l'Alliance présidentielle reprenne ses activités tant organiques que politiques». Beaucoup de choses importantes sont attendues de ces assises, nous dit-on encore, à commencer par la très plausible probabilité que le chef de l'Etat accepte d'être élu par les congressistes au poste inédit de président du FLN, ce qui le mettrait nettement au-dessus du secrétaire général, lequel jouit de moins de prérogatives puisque c'est le comité central qui se chargera de le désigner. Ces assises, dont la tenue a été programmée pour les 26, 27 et 28 de ce mois, pourraient toutefois ne se tenir qu'au début du mois prochain. En effet, même si la réconciliation entre les «frères ennemis» ne cesse de progresser à grands pas, un retard de plusieurs jours vient d'être pris puisque l'opération de l'élection des délégués et, partant, de la réunification des rangs, qui devait s'achever hier, ne pourrait être clôturée avant plusieurs jours. Des problèmes assez sérieux sont même apparus dans certaines wilayas comme Tizi Ouzou, Sétif ainsi que dans certaines communes. Mais, en revanche, l'exemple est donné, notamment à El-Oued, où le «redresseur», Si Affif, a réussi hier à « copiner » avec l'ancien directeur de campagne de Benflis à Ouargla pour élire les 37 délégués d'El-Oued tout en rassemblant de nouveau les rangs. En attendant, le RND, visiblement titillé par les «critiques» qu'aurait formulées le premier argentier du pays à l'adresse de son secrétaire général et néanmoins chef du gouvernement, est monté au créneau ce week-end pour défendre le bilan et le programme d'Ahmed Ouyahia. Joint hier par téléphone, l'ancien ministre des Finances, membre de la direction du RND, connu pour être un proche collaborateur d'Ouyahia, Abdelkrim Harchaoui en l'occurrence, a oeuvré à «tempérer ce (qu'il pense être) une exploitation politicienne d'une simple analyse». Ce qu'il faut avant tout retenir, à ses yeux, «c'est la soif de débats contradictoires mais sereins dont font montre les Algériens». Tous les observateurs attentifs de la scène politique s'accordent à dire que l'on ne change pas une équipe qui gagne. Or, tous les indices sont au beau fixe depuis qu'Ahmed Ouyahia a pris les commandes de l'Exécutif national. Alors que les réserves de change ne cessent d'augmenter, jusqu'à dépasser la barre historique des 40 milliards de dollars, de grands chantiers de réformes sont ouverts tous azimuts pour toucher l'éducation, la justice, la famille, les banques et même les grandes orientations économiques. Dans ce cadre précis, Ouyahia a réussi la gageure de s'allier les bonnes grâces de l'Ugta, comme nous le confirme son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi-Saïd, dans son vaste plan portant privatisation de 1200 entreprises sur les 1303 que compte encore le pays. Ahmed Ouyahia, qui sera sans doute l'artisan des réformes politiques à venir, aura pour tâche d'organiser le fameux référendum annoncé par le président Bouteflika à propos de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale. Il semble, comme nous le confirment de nombreuses sources, que la consultation populaire directe revêtirait un cadre plus global portant révision de la Constitution. C'est pourquoi, présume-t-on, le dialogue avec le mouvement des archs a été rouvert au moment où les observateurs s'y attendaient le moins. Ouyahia, qui déclare qu'il compte surprendre ses interlocuteurs, aurait l'intention d'aller vers un accord global, avec l'inclusion de l'officialisation de tamazight dans une révision globale du texte fondamental de la République, ce qui laissera toutes les chances à la démarche d'aboutir. Sur le plan sécuritaire, également, comme le souligne régulièrement le ministre de l'Intérieur, la situation, qui connaît une embellie notable, ne cesse de s'améliorer même si la volonté de l'Etat est clairement exprimée de poursuivre sans relâche la lutte contre les éléments irréductibles qui refuseraient de se plier à l'ultime plan présidentiel portant règlement définitif de cette crise.