Le poète kabyle animera cet après-midi à 14 heures une conférence de presse à cette occasion, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou... Yenna-d-umghar (Le sage a dit) est le titre du nouvel album du poète et chanteur kabyle Aït Menguellet, sorti aux éditions Izem Pro. A ce titre, son éditeur organise une conférence de presse cet après-midi à 14 heures à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi- Ouzou, où l'ensemble des médias, écrits et audiovisuels ainsi que les artistes sont invités. La bande kabyle dévoilera les secrets de ce nouvel opus contenant six titres et deux instrumentaux. On citera Dda Yidir, Yerna yiwen wass, Ccna n tejmilt, Ini d a y amghar, Yenna d umghar, Asendu n waman ainsi que Ccna n tejmilt et Asendu u waman dans leur version instrumentale. «Un album ouvert, rebelle comme ses prédécesseurs à toute classification, où seule la parole souveraine construit et déconstruit avec l'énergie du désespoir une réalité aux frontières imprécises», note Dassine Ammour dans sa présentation de l'album qui s'annonce déjà comme une véritable «descente» en nous-mêmes. Il est connu, tous les artistes ont ce don de défricher les tares et les qualités humaines. Aït Menguellet dans Yenna-d umghar avec des mots simples mais tranchants, saura asséner ces vérités dans un moule des plus poétiques. Il va fouiller dans nos peurs, nos frustrations, nos blocages et nos silences mortifères... Dans Dis-nous, vieux sage... Aït Menguellet médite sur l'horreur des hommes et l'ignominie de leurs gestes. «Pourquoi le monde s'affole, l'erreur l'emporte sur le bon sens/Où s'arrêtera le fléau/Quand les hommes s'entretuent/Le ciel même a changé/Ceux qui se souviennent le disent/Dis-nous vieux sage / Qu'est-il en train de se créer ?». Pétri de sagesse, trait d'enracinement à la terre et signe incontestable de la fierté d'une tradition séculaire, héritage qu'entretiennent ces hommes «libres» pour perpétuer la parole sage de la «zaouïa», il est ici fait référence à la barbarie et au déshonneur des braves dans une parole acide et sans ambages. Aït Menguellet dresse un constat affligeant: «La justice qui existait/Est détournée par l'arbitraire/ Qui sait si elle vit encore /Ou ne survit que son nom...». Dans des paraboles à peine maquillées, l'auteur lève le ton, acerbe, et dénonce dans Asendu n-waman (Brasseurs de vent...), il dit : «Ils viennent, promettent/Ils reviennent, oublient/Et disent c'est ainsi/Que se font les choses/Une intrigue défaite/Ils refont une autre / Ces joueurs habiles / Jouent avec la mort». Engagé jusqu'à la moelle, militant invétéré, l'artiste accuse et dresse son réquisitoire: «Ô vous qui avez du temps/Vous ne ramenez aucun fruit/Vous ne soulagez aucune peine/Vous ne rajoutez que soucis/A ceux existants...» Lounes met le doigt sur l'imposture, poursuit Dassine Ammour: «Des tisons alimentent le brasier, le feu est patient. Insatiable, son dessein est de grandir. Impuissant, le bois de la brûlure souffre. Tout recul est vain. Consumé, il devient cendres. Les cendres régénératrices rejoignent les maquis calcinés». Une saisissante, grinçante vision panoramique de l'Algérie colonisée par les... siens. Les vers de Lounès Aït Menguellet sont des lames tranchantes qui usent de l'ironie presque pathétique pour creuser le sillon d'une histoire connue par tous et dont certains tentent pourtant de la dissimuler. Suivant les traces de son père, Djaffer n'est pas loin puisqu'il signe les arrangements de l'album et joue même de la flûte basse et irlandaise et prend part même aux choeurs. Et quand on parle de musique, un nom n'a pu échapper à notre vue, c'est celui de Karim Ziad qui lui, assure comme un chef à la batterie et au gumbri. Mastérisé chez Universal Disc, le CD disponible à partir d'aujourd'hui chez vos disquaires coûte 150 DA.