A la demande du chef du gouvernement, la réunion a été précédée par une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps noir. La rencontre gouvernement-archs a débuté hier à 10 heures trente. Plus d'une demi-heure avant le rendez-vous, les délégués stationnaient déjà au pied de l'escalier, menant au Palais du gouvernement. Outre les délégués désignés par l'interwilayas pour participer au dialogue, qui étaient au nombre de 19 au lieu de 20, à cause de la défection d'Ali Gherbi (lire l'article d'Arezki Slimani), étaient également présents quelques parents de victimes dont la présence en ces lieux était censée montrer leur solidarité avec la démarche des animateurs du mouvement citoyen, ces derniers ayant accepté de s'asseoir à la même table que les représentants de l'Etat. Faisant montre d'une certaine vigilance par rapport à ce nouveau round de dialogue, les membres de la délégation disent néanmoins s'en tenir à la mission première à l'origine de leur déplacement à Alger. A ce propos, Oudjedi Farès de la Cicb, approché par L'Expression, a déclaré que pour ce qui concerne l'interwilayas, le point le plus important, pour l'heure, a trait à la satisfaction des 6 incidences. Conscient, comme l'ensemble de ses camarades, que l'invitation du chef du gouvernement entre dans une démarche autrement plus large que la seule question de la crise de Kabylie, Oudjedi insiste sur le strict respect de l'ordre du jour. «Ce qui nous préoccupe, c'est la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Nous nous en tiendrons à cette revendication, parce qu'elle constitue en elle-même une solution pour la sortie de crise du pays», relève en substance notre interlocuteur. De son côté, le porte-parole des «dialoguistes», Belaïd Abrika, dans une brève déclaration à la presse avant l'ouverture des pourparlers, a déclaré: «Nous allons axer notre démarche sur la satisfaction des 6 incidences actualisées d'abord». Le dialogue pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur interviendra donc après un accord définitif sur ces préalables, qui, faut-il le rappeler, ont été évoqués dans le communiqué du chef du gouvernement appelant au dialogue. Un indice que d'aucuns, au sein de la délégation, estiment positif et à même de faciliter les discussions entre les archs et le gouvernement sur la sixième incidence qui a trait à la révocation des élus locaux en Kabylie. L'espoir est d'autant plus permis que la récente intervention de Hamraoui Habib Chawki par rapport à la couverture par l'Entv de la fameuse «marche noire» du 14 juin 2001, est interprétée dans certains milieux comme la satisfaction d'une des incidences. La reprise du dialogue est assez bien partie pour l'interwilayas, pourrait-on dire, même si le point relatif à la révocation des élus pourrait conduire à une certaine tension entre le pouvoir et le FFS, détenteur de la majorité des APC ciblées par la mesure, si elle venait à être prise. Concernant le dialogue à proprement parler, le point huit de la plate-forme d'El-Kseur, à l'origine de l'échec du premier round, l'année dernière, Belaïd Abrika a été catégorique: «Nous maintenons notre position sur la question de l'officialisation de Tamazight. Nous refusons qu'elle soit soumise à référendum.» Cela dit, on affirme au sein de la délégation des archs, attendre du gouvernement une proposition à même de sortir le dialogue de l'impasse sans obliger l'interwilayas à céder sur la question du référendum. Débutée à 10 heures 30 tapantes, la rencontre qui s'est tenue à huis clos, a été précédée par une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps noir, à la demande du chef du gouvernement. Un geste qui démontre la reconnaissance officielle de l'Etat du statut de martyr des quelque 120 jeunes, morts pendant les événements de Kabylie. L'ouverture du dialogue n'a par ailleurs pas été sans incidents mineurs en Kabylie. En effet, une action de protestation, initiée par la Coordination nationale du mouvement citoyen (Cnmc) a eu lieu avant-hier et a eu pour théâtre la RN26 qui a été bloquée à la circulation pendant quatre heures, apprend-on auprès de la Cnmc. Cette aile du mouvement citoyen dénie à l'interwilayas toute représentativité et entend mettre sur pied sa propre délégation pour participer au dialogue. Contacté par téléphone, Hakim Kacimi annonce d'autres actions de terrain dans les prochains jours, à Bouira, Tigzirt et Makouda «pour protester contre la délégation de l'interwilayas qui veut s'imposer comme porte-parole du mouvement citoyen», affirme-t-il, tout en informant que son organisation est entrée en contact avec la chefferie du gouvernement et qu'elle sera reçue au plus tard, mardi prochain.