La poétesse Danièle Maoudj dans ses épanchements lyriques «Libertés insulaires» est le thème choisi cette année pour parler de poésie en invitant plusieurs poètes de la terre corse. «Cette édition 2016 du Printemps des poètes est centrée autour des expressions insulaires et contemporaines, notamment la célébration de la culture corse, traduite et exprimée par un trio corse, d'un côté, auxquelles répondra l'oeuvre du grand poète algérien épris de liberté, Malek Alloula», souligne le programme de l'Institut français d'Alger. En effet, une fois n'est pas coutume, à l'instar du monde entier, Alger célèbre elle aussi la poésie, la langue française, mais pas que puisque ce sont des poètes venus de Mama Corsika qui ont été invités à déclamer leur poésie et faire honneur à leur terre et à leur langue d'origine. Pour présenter cet événement, le directeur de l'IFA, a salué jeudi la complicité qui existe entre les deux pays, soit, la Corse avec l'Algérie, où les paysages font écho notamment avec la Kabylie. Aussi, après le concert de musique polyphonique corse, cette manifestation voulait s'inscrire dans la continuité en rendant hommage à la Corse en Algérie en invitant des poètes d'ici et d'ailleurs. «Pour qu'on puisse entendre cette langue qui a sa spécificité. Elle est vivace. Elle est vivante. Plus il peut y avoir de langue, plus on a de richesse», a-t-il fait remarquer avant de céder la parole au représentant des éditions Colonna de Corse qui se sont consacrées ces dix dernières années à l'édition des poètes corses, mais pas que, puisqu'un projet a été réalisé aussi avec l'écrivaine Leïla Sebar, apprend-on. Samira Negrouche, poétesse algérienne qui n'est plus à présenter, a déjà participé à un festival de poésie en corse. Pour commencer, c'est le poète corse Dominique Attavi, armé de son instrument, la cetera qui entamera ce tour de récital poétique, tantôt a cappella, tantôt en musique. Le poète, avec ces vers libres ou ciselés nous invitera à écouter sa célébration de la vie et de l'amour, mais aussi à l'écouter chanter «Sous le pont Mirabeau coule la Seine» avant de passer à un poème du siècle dernier et évoquer «Ceux qui sont partis mais ne sont pas loin», puis d'évoquer le testament de Charles Bonafé et lire un extrait du recueil de poésie «Eléphants». Prendra le relais Norbert Paganéli qui quitta en 1958 sa Sardaigne natale pour rejoindre ses parents à Annaba et de consacrer ses textes à l'identité et ce, à travers la langue, celle-ci qui a reconnu bien tardivement, à définir qui nous sommes devenus aujourd'hui, les mots et leur sens, l'avenir de l'humanité, l'Afrique et puis de remercier les poètes dont l'oeuvre a souvent été pillée pour la bonne cause et de parler de l'appropriation de la faculté poétique. Pour sa part, Danièle Maoudj, poétesse kabyle du côté de son père et corse du côté de sa mère, dira en préambule toute son émotion de se retrouver en Algérie. Elle entamera son récital par «Le chant du bien aimé» que sa mère lui chantait quand elle était petite et puis de faire une grande déclaration d'amour à ses deux terres de coeur, la Kabylie, soit l'Algérie et la Corse, dans des poèmes où elle s'est épanchée de façon intime et profonde sur la beauté de ses régions, la bravoure de ses hommes et l'espoir d'un lendemain qui chante pour l'humanité, basé sur la force du caractère et de la combativité. Des mots charnels, sensuels, pour dire Alger, Pant soléa et évoquer du défi de l'histoire, la naissance de la vie à partir du chaos. Entre ses souvenirs où elle dévalait les rues d'Alger, passant par un hommage rendu à la Palestine, Danièle Maoudj insistera sur «ce langage du rêve» qu'est la poésie, celui qui nous tient en éveil et nous fait plonger dans un autre monde, intérieur, songeur, mais de musicalité et de paix. Pour ce faire, Danièle Maoudj était accompagnée musicalement par Dominique Ottavi et Mohamed Rouane au mandole. Notons que juste avant, l'Institut français d'Alger a présenté une séance de lecture scénique, issue d'un atelier qui s'est déroulé à l'IFA du 20 au 26 mars, qu' a animé l'auteure de «Pardon pour ce bonheur», Saeeda Otmanetolba autour des textes de Malek Alloula et Paul Eluard. Plusieurs binômes ont eu à lire des textes suivant plusieurs thématiques liés aux textes de ces poètes-là. Cet atelier se clôturera par une série de restitutions aussi à la galerie Benyaa et lors du final, à Tipasa, aujourd'hui à partir de 10h, dans le cadre du désormais rituel «Tipasa des poètes», en collaboration avec l'Aarc et l'Ogebc.