Danièle Maoudj, poétesse et universitaire, a publié dernièrement aux éditions « Espace Libre », Echardes, un recueil de poésie de haute facture littéraire. Composée d'une cinquantaine de poèmes qui traitent de divers thèmes, cette œuvre est un véritable hymne à la vie et une étrenne aux amoureux du verbe. La poétesse interroge, dans un style et une langue aussi fluides que profonds, sa mémoire et celle de ses parents pour pouvoir se construire. Dans Le simoun au berceau, Danièle Maoudj qui tutoie la solitude rend un vibrant hommage à son père, à travers un poème qui raconte le retour au pays de ses aïeux. Avec la même sensibilité, elle convoque la « nuit qui craint la solitude » pour étirer ses « pas dans le ciel » afin de mieux illuminer l'univers de sa poésie scintillante. La poétesse qui a connu tardivement l'Algérie, son pays d'origine, célèbre la capitale par ces mots poignants : « Le soleil d'Alger blanchit/Les draps du ciel/Suspendues au silence des blessures/Les douleurs bordent le naufrage de l'intervalle/Où la parole de nuit peine à ouvrir l'infini ». Dans Mots du silence, elle s'interroge sur l'existence et l'homme. Le poème La terre se tord de douleur explique de fort belle manière comment le monde mis sous tutelle d'un ordre nouveau, avale les braises des grenades qui « incendient sa soif de volupté ». Danièle Maoudj, dans Echardes, donne libre cours à ses sentiments qu'elle concrétise par de beaux vers gorgés d'amour, de sensibilité et d'une beauté splendide : « Féconde la femme sauvage/Les pas solitaires consolent/Les roses fanées de Blida/ Parfum de ta voix sèche/Mes larmes au souvenir/Qui a perdu les eaux de l'amour ». Depuis sa tendre enfance, elle veut se ressourcer au pays de son père pour qu'elle « respire les accents des souvenirs, pétris au rythme amazigh, dérobés au ventre de la mémoire ». Cette poésie solaire est une quête et une construction de soi, voire une invention d'une réalité qui, parfois, n'existe pas. La poésie de Danièle Maoudj est un rêve : concrétiser la cohabitation entre les peuples. Issue d'un mariage mixte —son père est algérien et sa mère corse —, la poétesse montre la richesse, par le truchement de sa poésie, de sa double culture, qui lui a permis d'être une passerelle entre deux civilisations différentes. De son père, elle a hérité la sagesse et de sa mère l'instruction. Téric Boucebci, également poète, souligne dans une brillante préface que dans cette œuvre poétique, la poétesse « ouvre ses mémoires, celle de son père et de sa mère, et celle de la Corse et de l'Algérie ». Echardes est un cri contre l'oubli et le silence. C'est aussi une invitation à l'acceptation de l'autre et à l'ouverture. Danièle Maoudj est, depuis sept ans, membre de l'organisation du Festival culturel annuel du film amazigh. Elle dirige un atelier d'écriture autour de la langue et de l'identité au sein de l'Institut de communication et donne des conférences en Corse et en Algérie. Poète, elle a déjà publié deux recueils de poésie, Rives en chamade et Le soleil au bord du ravin.